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Le gouvernement soudanais a annoncé la rupture officielle de ses relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis (EAU), les accusant de soutenir militairement les Forces de soutien rapide (FSR), groupe paramilitaire engagé dans un conflit sanglant contre l’armée nationale depuis plus de deux ans.
 Dans une déclaration télévisée solennelle, le ministre soudanais de la Défense, Yassin Ibrahim, a dénoncé une « agression flagrante » contre la souveraineté du Soudan, pointant du doigt un soutien militaire des Émirats aux FSR sous la forme de drones armés sophistiqués : « Le monde entier suit depuis plus de deux ans le crime d’agression contre la souveraineté du Soudan, son intégrité territoriale et la sécurité de ses citoyens, commis par les Émirats arabes unis via leur affidé local », a-t-il affirmé.

Des attaques de drones sur Port-Soudan

La décision intervient après trois jours de frappes de drones non revendiquées, mais attribuées aux FSR par l’armée régulière. Ces attaques ont ciblé des infrastructures névralgiques de Port-Soudan, actuelle base du gouvernement, située sur la mer Rouge. Des installations stratégiques comme l’aéroport, une base militaire, une station électrique et plusieurs dépôts de carburant ont été endommagés. Aucune victime n’a été officiellement recensée, mais les dégâts matériels sont considérables.

Les autorités soudanaises affirment que les drones utilisés dans ces frappes auraient été fournis par les Émirats. Ces équipements, allant de drones artisanaux à des modèles militaires avancés, auraient permis aux FSR de compenser l’absence d’aviation de chasse.

Depuis avril 2023, le Soudan est déchiré par une guerre civile entre l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les FSR, menées par le général Mohamed Hamdane Daglo, ancien vice-président du Conseil souverain. Initialement alliés, les deux camps se sont violemment opposés dans une lutte de pouvoir qui a plongé le pays dans le chaos.

« Lorsque les Émirats arabes unis ont constaté la défaite imminente de leur vassal face à nos forces armées, ils ont intensifié leur soutien », a accusé le ministre de la Défense.

Le gouvernement soudanais a annoncé la fermeture immédiate de son ambassade et de son consulat général à Abou Dabi, tout en qualifiant les Émirats d’« État agresseur ».

Le général al-Burhan s’adresse à la nation

Peu après cette annonce, le général al-Burhan s’est exprimé à la télévision, un nuage de fumée noire en arrière-plan témoignant des récentes frappes sur Port-Soudan.

Il a exhorté la population à faire preuve de résilience et de solidarité : « Le peuple soudanais continuera d’écrire son histoire, car c’est un peuple qui ne s’effondre jamais. (…) Nous ferons tomber cette milice et ceux qui la soutiennent. Par la grâce de Dieu, les Soudanais en sortiront victorieux ! »

Cette rupture diplomatique survient également au lendemain d’un revers judiciaire pour Khartoum. La Cour internationale de justice (CIJ) a rejeté une plainte déposée par le Soudan contre les Émirats pour complicité de génocide, en lien avec leur soutien présumé aux FSR. La CIJ s’est déclarée incompétente pour statuer sur le fond du dossier, ce que les Émirats ont interprété comme une victoire diplomatique. Ces derniers nient toujours toute implication dans le conflit.

Un nouvel axe de tension au Moyen-Orient et en Afrique

Cette escalade diplomatique risque de répercuter les tensions bien au-delà du Soudan, envenimant les relations entre les puissances arabes du Golfe et les pays africains affectés par l’instabilité régionale. Les analystes redoutent également un isolement accru du Soudan sur la scène internationale, alors même que le pays fait face à une crise humanitaire majeure, avec des millions de déplacés et une économie en ruines.

Le Soudan franchit un nouveau seuil dans sa crise politique et militaire en rompant ses relations avec l’un des pays les plus influents du Golfe. Tandis que les drones continuent de survoler Port-Soudan, la guerre s’internationalise de plus en plus, laissant planer de lourdes incertitudes sur l’avenir du pays et de la région.

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