
À moins de six mois de l’élection présidentielle, la scène politique ivoirienne est marquée par des bouleversements majeurs. Le PDCI-RDA, pilier historique de la politique nationale, traverse une crise de leadership, pendant que l’opposition tente tant bien que mal de s’unir face au pouvoir en place.
Depuis le décès d’Henri Konan Bédié en août 2023, le PDCI-RDA peine à retrouver une stabilité.
L’élection de Tidjane Thiam à la tête du parti en décembre 2023 avait suscité l’espoir d’un renouveau, mais cette dynamique a rapidement été freinée par des controverses liées à sa nationalité et à son éloignement de la scène politique ivoirienne pendant plusieurs décennies.
Le 22 avril 2025, la Cour a confirmé la radiation de Tidjane Thiam des listes électorales, estimant qu’il avait perdu la nationalité ivoirienne en 1987 en acquérant la nationalité française. Une décision qui a porté un coup fatal à ses ambitions présidentielles.
Le 12 mai 2025, Tidjane Thiam a annoncé sa démission de la présidence du parti, laissant le PDCI en pleine tourmente, à moins de cinq mois du scrutin. Un congrès extraordinaire a été convoqué pour le 14 mai afin de désigner un nouveau président et clarifier la stratégie électorale du parti.
Jean-Louis Billon, une alternative crédible ?
Parmi les figures montantes du PDCI-RDA, Jean-Louis Billon, ancien ministre et député, s’impose comme un candidat crédible. Il a officiellement déclaré sa candidature et milite pour la tenue d’une convention démocratique interne, conformément aux statuts du parti. Sa posture offensive contraste avec l’hésitation générale de la direction du PDCI.
Cependant, l’absence d’unité interne pourrait handicaper sa candidature si le congrès du 14 mai n’aboutit pas à une sortie de crise.
En dehors du PDCI, l’opposition se mobilise à divers niveaux : Laurent Gbagbo, fondateur du PPA-CI, bien que frappé d’inéligibilité judiciaire, reste très actif politiquement. Il tente de rassembler les forces de l’opposition sous un front commun, dénonçant les dérives du pouvoir actuel.
Simone Gbagbo, ancienne Première dame, a été désignée candidate par le Mouvement des Générations Capables (MGC), affirmant son indépendance politique et idéologique.
Vincent Toh Bi Irié, ancien préfet d’Abidjan, s’est également déclaré candidat, misant sur une posture de neutralité et de renouvellement.
En mars 2025, une coalition regroupant 25 partis politiques, baptisée Cap-Côte d’Ivoire, a été constituée. Elle exclut cependant le PPA-CI, révélant encore une fois l’ampleur des divisions dans l’opposition.
Face à une opposition fragmentée, le RHDP du président Alassane Ouattara reste en position de force, même si le chef de l’État n’a pas encore annoncé s’il briguerait un nouveau mandat ou soutiendrait un successeur.
Le scrutin d’octobre 2025 s’annonce donc déterminant pour l’avenir de la démocratie ivoirienne. L’enjeu pour les partis d’opposition est non seulement de désigner des candidats crédibles, mais surtout de fédérer leurs forces pour peser face au RHDP.
La présidentielle de 2025 pourrait marquer un tournant historique. Le PDCI-RDA, fragilisé mais encore influent, joue sa survie politique. L’opposition, quant à elle, doit surmonter ses querelles internes pour espérer incarner une véritable alternance.
Dans un pays marqué par des décennies de tensions électorales, la capacité des acteurs politiques à dialoguer et à jouer le jeu démocratique sera cruciale pour garantir un scrutin apaisé.