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La crise diplomatique entre le Rwanda et la Belgique vient de franchir un cap majeur avec l’annonce officielle de Kigali de rompre ses relations diplomatiques avec Bruxelles. Cette décision radicale s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, marqué par des divergences sur le conflit en République démocratique du Congo (RDC).

Tandis que la Belgique accuse le Rwanda de soutenir des groupes armés en RDC, Kigali dénonce une politique néocoloniale et des ingérences inacceptables.

Le 17 mars 2025, le ministère rwandais des Affaires étrangères a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique et l’expulsion immédiate des diplomates belges en poste à Kigali. Selon le communiqué officiel, cette décision est motivée par le « parti pris flagrant » de la Belgique en faveur de Kinshasa et par ses « tentatives répétées d’imposer son influence sur la politique rwandaise ».

Kigali accuse notamment la Belgique de : soutenir activement des sanctions européennes contre le Rwanda, de suspendre une aide financière de 20 millions d’euros destinée au développement rwandais, de mener une campagne internationale pour dénoncer le rôle présumé du Rwanda dans la crise congolaise, et de bloquer des initiatives de coopération bilatérale sous prétexte de préoccupations humanitaires et sécuritaires.

Le ministre rwandais des Affaires étrangères a qualifié cette attitude de « paternalisme inacceptable », affirmant que la Belgique « n’a plus aucun rôle à jouer dans les affaires internes du Rwanda ».

La réponse immédiate et ferme de Bruxelles

Quelques heures après l’annonce rwandaise, le gouvernement belge a réagi avec fermeté. Le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a dénoncé une décision « disproportionnée » et « contre-productive », qui ne fait qu’aggraver les tensions entre les deux pays et dans la foulée convoquée l’ambassadeur du Rwanda a Bruxelles.

Face à cette situation, la Belgique a annoncé plusieurs mesures de rétorsion, expulsion des diplomates rwandais, Bruxelles a déclaré persona non grata plusieurs diplomates rwandais en poste en Belgique, leur donnant, 48 heures pour quitter le territoire.

Convocation du chargé d’affaires rwandais, un rappel à l’ordre officiel a été adressé à la représentation diplomatique rwandaise en Belgique, la suspension des accords de coopération avec plusieurs programmes de coopération économique et éducative entre les deux pays seront réévalués, voire annulés.

« Nous regrettons cette escalade, mais nous ne pouvons pas accepter que le Rwanda refuse le dialogue et opte pour des mesures unilatérales », a déclaré Maxime Prévot.

Un conflit diplomatique sur fond de guerre en RDC

La rupture des relations entre Kigali et Bruxelles est directement liée à la guerre qui fait rage en République démocratique du Congo. Depuis plusieurs années, la RDC accuse le Rwanda de soutenir le mouvement rebelle du M23, qui opère dans l’est du pays et a récemment intensifié ses offensives, prenant le contrôle de plusieurs zones stratégiques.

La Belgique, en tant qu’ancienne puissance coloniale du Rwanda et de la RDC, s’est montrée particulièrement critique envers Kigali. Fin janvier 2025, Bruxelles a plaidé pour des sanctions européennes contre le Rwanda, estimant que son soutien au M23 constitue une violation grave de la souveraineté congolaise. Cette prise de position a exacerbé les tensions avec Kigali, qui nie toute implication dans le conflit et accuse la Belgique de « propagande anti-rwandaise ».

Cette rupture diplomatique pourrait avoir des répercussions bien au-delà des deux pays concernés

Un impact sur l’Union européenne : La Belgique étant l’un des États les plus influents au sein de l’UE en matière de politique africaine, cette crise pourrait pousser d’autres pays européens à prendre position et à envisager de nouvelles sanctions contre le Rwanda.

Une influence grandissante de la Chine et de la Russie : Face à l’hostilité de Bruxelles, Kigali pourrait chercher à renforcer ses alliances avec d’autres puissances mondiales, notamment la Chine et la Russie, qui ont récemment accru leur présence en Afrique.

Une déstabilisation accrue de la région des Grands Lacs : Cette crise complique encore davantage les efforts de médiation en cours pour apaiser la situation en RDC, rendant plus difficile toute tentative de dialogue entre Kigali et Kinshasa.

Alors que les diplomates belges ont 48 heures pour quitter le Rwanda, la communauté internationale observe de près cette escalade, qui risque de modifier les équilibres diplomatiques dans la région des Grands Lacs. Bruxelles espère encore un retour au dialogue, mais pour l’instant, Kigali semble déterminé à maintenir une ligne dure.

Cette crise marque une nouvelle étape dans les tensions historiques entre la Belgique et son ancienne colonie, ravivant des blessures encore vives et posant de sérieux défis pour l’avenir des relations bilatérales.

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