0 4 minutes 2 jours

Dans une démarche inédite pour la Maison centrale de Bouar, un exercice grandeur nature de simulation de crise en milieu carcéral s’est tenu du 20 au 24 mai 2025. L’initiative, soutenue par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) et l’Union européenne à travers l’EUAM RCA (Mission d’assistance de l’Union européenne en matière de sécurité intérieure), visait à tester et renforcer la capacité opérationnelle des acteurs impliqués dans la gestion des incidents en milieu pénitentiaire.

C’est la première fois qu’un tel exercice est organisé dans cet établissement pénitentiaire stratégique de l’ouest du pays. Après des expériences similaires conduites à Bambari et Bangui, cette simulation marque une nouvelle étape dans l’effort collectif visant à bâtir un système carcéral plus sécurisé, coordonné et résilient.

Pendant cinq jours, les forces de sécurité intérieure, les autorités préfectorales, le personnel pénitentiaire et différentes unités spécialisées de la MINUSCA ont été mobilisés autour d’un scénario de mutinerie et de tentative d’évasion. Le plan d’urgence mis à l’épreuve incluait des volets essentiels tels que : la détection précoce des signes de rébellion ; la réaction rapide face à une tentative de fuite ; la sécurisation des lieux sensibles à l’intérieur et à l’extérieur de la prison ; la coordination interservices entre les différentes forces engagées ; la gestion de la communication en situation de crise.

Une coopération interinstitutionnelle saluée

« Cet exercice a permis aux différentes entités d’apprendre à travailler ensemble pour assurer l’ordre et la sécurité en cas d’incident en milieu carcéral », a souligné le Secrétaire général de la préfecture de Bouar, présent sur les lieux.

« Ces entraînements pratiques sont essentiels pour garantir la sécurité nationale et préserver la paix civile », a renchéri Evariste Ndomete, Directeur général de l’administration pénitentiaire centrafricaine.

Les enseignements tirés de cet exercice ont mis en lumière certaines vulnérabilités dans les procédures existantes, notamment en matière de coordination et de circulation de l’information. Mais ils ont aussi permis d’élaborer des recommandations concrètes, comme la mise à jour régulière des plans d’urgence, l’amélioration de l’équipement de communication et le renforcement des capacités techniques du personnel.

Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette initiative s’inscrit dans une vision plus large promue par la MINUSCA : celle d’un système carcéral plus humain, plus professionnel et orienté vers la réinsertion. Des programmes de formation à la menuiserie, à l’aviculture ou encore au jardinage sont d’ailleurs progressivement mis en place dans plusieurs établissements du pays, dont Bouar, afin de favoriser la réintégration des détenus dans la société.

Vers une stratégie nationale intégrée

Ce type de simulation répond également aux objectifs du Plan national de réforme du secteur de la sécurité (RSS), dont l’un des piliers repose sur le développement d’une administration pénitentiaire moderne et respectueuse des droits humains.

L’exercice de Bouar illustre concrètement les efforts conjoints entre partenaires internationaux et institutions centrafricaines pour faire évoluer un secteur longtemps négligé, mais désormais reconnu comme clé dans la consolidation de la paix et de l’État de droit en République centrafricaine.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *