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C’est une journée qualifiée d’historique dans les couloirs de l’Assemblée Nationale à Bangui. Ce lundi 26 mai 2025, les députés ont adopté à l’unanimité et avec amendements le projet de loi portant sur la Liberté de la Presse et de la Communication. Un texte présenté comme un “cadre juridique rénové”, censé répondre aux aspirations des professionnels des médias, longtemps laissés dans le flou juridique et l’insécurité professionnelle.

Le ministre de la communication, des medias et porte-parole du gouvernement Maxime BALALOU, à la manœuvre depuis le début du processus, n’a pas caché sa satisfaction. Dans un exercice d’équilibrisme politique entre reconnaissance institutionnelle et séduction médiatique, il s’est félicité du travail conjoint mené depuis avril 2024 avec le Haut Conseil de la Communication : « C’est votre loi, vous l’avez portée. Nous avons fait en sorte qu’elle vous appartienne », a-t-il déclaré dans une posture presque réconciliatrice vis-à-vis d’un secteur qui n’a jamais cessé de questionner les intentions du pouvoir.

Mais au-delà du ton triomphaliste, plusieurs interrogations subsistent. Car si le texte vise à corriger les insuffisances d’une précédente loi de 2020, restée lettre morte, il faudra veiller à ce qu’il ne devienne pas, lui aussi, un outil d’encadrement à géométrie variable. L’enjeu est double : protéger les journalistes, tout en régulant un espace médiatique parfois pollué par des pratiques peu professionnelles, voire dangereuses.

Le ministre n’a d’ailleurs pas mâché ses mots à l’endroit de ce qu’il appelle les “braconniers de la communication”, ces acteurs qui diffusent de l’information “tendancieuse” sans respect pour l’éthique. Une sortie qui, si elle reflète un malaise bien réel, pourrait aussi être perçue comme une tentative de cadrage politique d’un secteur qui revendique sa liberté.

Autre point d’ombre : la capacité de couverture nationale des médias publics. Le cas de Radio Centrafrique, dont les infrastructures ont été saccagées lors des crises passées, illustre les défis logistiques persistants. L’annonce de l’installation de quinze nouveaux émetteurs FM est encourageante, mais ne suffira pas à régler à elle seule les inégalités d’accès à l’information entre Bangui et la périphérie.

Enfin, le Ministre a promis la concrétisation d’un vieux rêve : la Maison de la Presse. Une structure essentielle pour professionnaliser le métier, offrir des formations, protéger les journalistes et servir de pont entre les rédactions et les institutions. Si cette promesse est tenue d’ici la fin de l’année, elle marquerait une avancée notable.

La balle est désormais dans le camp de l’exécutif et du Haut Conseil de la Communication. La loi est votée, mais son application concrète, son appropriation par les professionnels, et surtout, son respect par les autorités, seront les véritables marqueurs de son succès.

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