
Le mercredi 18 juin 2025, la présidente de la Fédération des Associations des Femmes Entrepreneurs de Centrafrique (FAFECA), Mme Portia Deya Abazene, a annoncé l’organisation d’une grande marche de mobilisation pour dénoncer les différentes formes de violences faites aux femmes en Centrafrique et à travers le monde. Cette initiative intervient suite à l’assassinat tragique d’Ericka Rekian, une jeune Centrafricaine résidant en France, tuée par son mari.
Selon la FAFECA, la République Centrafricaine est confrontée à une situation alarmante et persistante de violences multiformes qui affectent profondément la vie des femmes et des filles. Nombreuses sont celles qui n’osent pas dénoncer ces violences ni prendre la parole, par crainte de représailles ou de stigmatisation sociale : « Cette marche sera une occasion forte d’inciter ces femmes à sortir du silence et à briser le cycle de l’impunité », a souligné Mme Portia Deya Abazene.
Dans ce contexte, un numéro vert a été mis en place en partenariat avec la Fondation Cynthia Bouvier Garzon : 76000202 ou 74730007. Ce dispositif vise à offrir un espace sécurisé pour les femmes victimes de violences, mais également aux hommes subissant des violences conjugales de la part de leurs conjointes, comme l’a précisé Mme Deya Abazene.
Une augmentation inquiétante des violences basées sur le genre
Les statistiques récentes confirment l’ampleur de cette crise. En 2022, 23 644 cas de violences basées sur le genre (VBG) ont été recensés, représentant une augmentation de 104 % par rapport à 2021. En 2023, ce chiffre a encore progressé pour atteindre 25 554 cas. Les données du premier trimestre 2024 montrent que plus de 1 200 cas ont déjà été enregistrés rien qu’à Bangui et Bimbo.
Parmi ces violences, les agressions sexuelles et les viols sont particulièrement préoccupants : on estime à plus de 31 000 le nombre annuel de viols, dont environ 8 000 concernent des fillettes âgées de 5 à 17 ans. Les régions du nord du pays sont les plus touchées, avec 33 viols pour 1 000 femmes, contre 18 pour 1 000 dans le sud. Fait notable, 70 % des violences sexuelles sont commises par des proches (conjoints, membres de la famille ou voisins), tandis que 20 % seulement sont attribuées aux groupes armés.
En dehors des violences sexuelles, d’autres formes de maltraitance sont largement répandues : La violence domestique touche environ 45 % des femmes (violences physiques), 52 % (violences verbales) et 32 % (violences sexuelles).
Le mariage précoce reste extrêmement fréquent, avec 68 % des filles mariées avant 18 ans. Les mutilations génitales féminines (MGF) concernent environ 24 % des femmes, avec des taux pouvant atteindre 60 % dans certaines régions du pays.
Une réponse collective exigée
Face à cette situation dramatique, la FAFECA souhaite mobiliser massivement non seulement les femmes, mais également les hommes, pour combattre ces violences et exiger des actions concrètes de la part des autorités. L’organisation prévoit la remise d’un mémorandum au Premier ministre Félix Moloua, appelant à la mise en œuvre de politiques publiques plus ambitieuses et de mécanismes judiciaires plus efficaces pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Pour Mme Portia Deya Abazene : « il ne s’agit plus seulement de dénoncer, mais de pousser l’État à agir fermement contre ces crimes qui détruisent des milliers de vies chaque année ».