0 6 minutes 1 mois

Dans une atmosphère empreinte de gravité institutionnelle et d’enjeux stratégiques, la capitale centrafricaine accueille depuis ce samedi les travaux du Comité Inter-États de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Cette réunion marque le lancement officiel des préparatifs de la 16ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la CEMAC, prévue le 9 août 2025 à Bangui.

Cette rencontre technique, qui s’inscrit dans le cadre de la 43ème session ordinaire du Conseil des Ministres de l’UEAC (Union Économique de l’Afrique Centrale), s’annonce déterminante pour la consolidation des politiques communes et sectorielles de la Communauté. Elle se tient dans un contexte sous-régional marqué par des défis économiques, des ambitions d’intégration accrue, et une volonté politique renouvelée d’améliorer la gouvernance communautaire.

La cérémonie d’ouverture a été marquée par deux allocutions majeures, à commencer par celle du Dr Charles ASSAMBA ONGODO, Vice-Président de la Commission de la CEMAC. Ce dernier a présenté les grandes lignes du projet d’ordre du jour, insistant sur la densité des sujets à traiter : «Les travaux du Comité Inter-États porteront principalement sur les politiques communes, notamment la politique économique générale et les affaires fiscales, éléments clés pour la consolidation de notre union», a-t-il déclaré.

Parmi les priorités énumérées figurent l’harmonisation du processus d’identification, d’évaluation et de publication des dépenses fiscales, ainsi que la création d’un Comité Régional chargé d’élaborer et de suivre la stratégie de mobilisation des recettes fiscales intérieures. Ces mesures visent à renforcer l’efficacité des politiques budgétaires nationales tout en améliorant la transparence et la cohérence au niveau communautaire : «Nous devons mettre en place les instruments nécessaires à la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes dans l’espace CEMAC», a poursuivi Dr Assamaba Ongodo, en écho aux attentes des populations et des opérateurs économiques de la région.

Le Vice-Président de la Commission a également souligné l’importance de se pencher sur les politiques sectorielles, avec une attention particulière portée à la stratégie d’import-substitution. Celle-ci vise à réduire la dépendance excessive de la sous-région vis-à-vis des importations, à stimuler la production locale et à promouvoir les produits « made in CEMAC ».

«Il s’agit d’une stratégie de résilience économique qui permettra de mieux valoriser notre potentiel productif, tout en renforçant notre capacité à faire face aux chocs externes», a-t-il expliqué. Cette orientation s’inscrit dans une dynamique continentale où plusieurs blocs régionaux cherchent à relocaliser les chaînes de valeur pour répondre aux vulnérabilités révélées par les crises successives.

Santé publique et gouvernance communautaire au cœur des débats

Autre dossier majeur à l’agenda : la sécurité sanitaire sous-régionale. Le Comité Inter-États doit examiner les conclusions de la réunion des Ministres de la Santé tenue à Bangui les 28 et 29 novembre 2024, ayant conduit à l’adoption du premier Plan stratégique sous-régional de sécurité sanitaire. Des feuilles de route pour sa mise en œuvre sont également en cours de finalisation.

«La crise sanitaire mondiale nous a appris que la santé est un bien public régional. Une coordination renforcée est indispensable pour anticiper et répondre efficacement aux pandémies», a souligné un expert sanitaire présent dans les travaux à huis clos.

Enfin, les questions de gouvernance administrative et financière de la Communauté seront examinées avec rigueur. À l’ordre du jour figurent l’état des finances communautaires, l’abrogation de la Décision N°09/11-UEAC-210-CM-22, ainsi que la redéfinition du statut du personnel communautaire. L’objectif est clair : doter la CEMAC d’une administration moderne, efficace et transparente.

Prenant la parole à son tour, Monsieur Prud’homme Ange Beau-Gard NGUELEKOUMOU, Président du Comité Inter-États, a replacé ces travaux dans un contexte géopolitique et économique mondial en mutation : «Nous sommes à la croisée des chemins, dans un environnement international marqué par des incertitudes, mais aussi par des opportunités. Notre réunion constitue une plateforme stratégique pour examiner l’évolution de la CEMAC et réaffirmer notre ambition d’intégration», a-t-il déclaré.

Il a notamment insisté sur la nécessité d’accélérer les réformes en cours, de renforcer la cohérence des politiques économiques, et d’assurer une mise en œuvre effective des projets intégrateurs, piliers de l’unité et de la compétitivité régionale.

Les résultats issus des travaux du Comité Inter-États seront soumis au Conseil des Ministres de l’UEAC, convoqué pour le 7 août 2025. Ce dernier tranchera sur les recommandations avant leur validation finale par la Conférence des Chefs d’État le 9 août, qui devrait marquer une étape décisive dans la redéfinition des priorités régionales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *