
La situation au Burkina Faso demeure particulièrement tendue une semaine après l’annonce d’une tentative de coup d’État visant à renverser le président Ibrahim Traoré. L’atmosphère à Ouagadougou est lourde, marquée par des divergences internes au sein de l’armée, des tensions sécuritaires et une contestation croissante du rôle des acteurs extérieurs dans les affaires nationales.
La semaine dernière, une tentative de putsch a failli ébranler le gouvernement du président Ibrahim Traoré. Bien que l’attaque ait été rapidement neutralisée, les conséquences de cet événement semblent encore peser lourdement sur la politique interne du pays. Le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir après un coup d’État en septembre 2022, fait face à des dissensions croissantes au sein de l’armée. Ces divisions, notamment sur la gestion de la lutte contre les groupes terroristes, alimentent un climat de méfiance au sein des forces armées et dans les cercles politiques.
La convocation des chefs militaires : un appel à la cohésion ?
Le président Traoré a récemment émis une directive ordonnant à tous les chefs de corps militaires de se rendre immédiatement à l’état-major général des armées. Cette convocation, qui visait à renforcer la cohésion au sein des forces armées et à garantir la stabilité du pays, n’a cependant pas eu les résultats escomptés.
Plusieurs officiers n’ont pas répondu à l’appel, affirmant que la réunion n’avait pas l’importance qu’on lui attribuait. Ce rejet de l’autorité du président met en lumière l’ampleur des divisions qui secouent l’armée et la difficulté pour Traoré de maintenir l’unité au sein de son propre camp.
Dans un contexte déjà tendu, des voix se sont élevées contre l’ingérence des puissances occidentales, notamment après les accusations du général Michael Langley, commandant du commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), qui a insinué que la junte au pouvoir détournait les réserves d’or du pays à des fins personnelles. Cette déclaration a été perçue par certains comme une tentative de déstabiliser le régime de Traoré.
Pour contrer ce climat de défiance, les autorités burkinabè ont annoncé la tenue d’une manifestation populaire prévue pour le 30 avril. L’objectif est de mobiliser les partisans du régime en faveur du capitaine Ibrahim Traoré et de dénoncer ce qu’ils considèrent comme des ingérences étrangères dans les affaires internes du Burkina Faso. Cette mobilisation s’inscrit dans un mouvement plus large de contestation de l’influence occidentale en Afrique, où de nombreux pays cherchent à affirmer leur souveraineté face aux pressions extérieures.
Une situation incertaine et volatile
Les événements récents mettent en lumière une situation particulièrement complexe et incertaine pour le Burkina Faso. D’une part, l’armée est déstabilisée par des divergences internes, alors que, d’autre part, le gouvernement cherche à maintenir son autorité face à une pression croissante de la communauté internationale. Si la manifestation du 30 avril peut sembler une tentative de consolidation du pouvoir pour la junte, elle pourrait également accroître les tensions internes et donner lieu à de nouvelles frictions au sein des forces armées et de la population.
Le Burkina Faso, déjà fragilisé par des années de violences djihadistes, fait face aujourd’hui à un défi crucial : comment rétablir l’unité nationale tout en assurant la stabilité politique et sécuritaire dans un environnement de plus en plus polarisé. Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir du pays, et la manière dont les autorités géreront ces tensions internes et les relations avec l’extérieur pourraient avoir des conséquences profondes sur l’évolution de la situation politique.