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Le 27 juin 2025, l’Association des Femmes Entrepreneures de Centrafrique (FAFECA), en partenariat avec la Fondation Cynthia Bouvier-Garzon et de nombreuses organisations féminines, convoque une mobilisation historique contre les violences conjugales, les viols, le harcèlement numérique et toutes les formes d’abus sexistes.

Cette marche n’est pas qu’un acte symbolique : elle est un cri collectif, un soulèvement des consciences, une exigence de justice pour les milliers de femmes et jeunes filles victimes d’un système silencieux et mortel. « Ce que l’on tolère finit par devenir une norme. Ce que l’on normalise tue. » Sainte Heureuse Naomie Bengue Banguitoumba dit Mme Du Proprio l’étoile Du Drapea.

Les violences conjugales ne sont pas un simple conflit domestique. Elles sont une guerre non déclarée contre les femmes, une attaque directe contre leur droit fondamental à la dignité, à la sécurité et à la vie.

En Centrafrique, comme dans sa diaspora, des femmes sont rouées de coups, rabaissées, violées, contrôlées, menacées. D’autres encore vivent sous la tyrannie du silence, entre les murs d’un foyer devenu prison. Ces violences n’épargnent ni les classes sociales, ni les niveaux d’instruction, ni les pays d’accueil.

« Ce n’est pas une question de culture, ni d’arrangement de problèmes de couples, c’est une question de crime. »

La mort tragique de Frédérica Réckian en France est l’illustration bouleversante d’un drame qui se répète. Chaque femme assassinée ou brisée par son conjoint, c’est une mère que l’on arrache à ses enfants, une sœur qu’on fait taire, une professionnelle qu’on retire de la société. Ce sont des familles détruites, des enfants traumatisés, des générations affectées.

Les enfants qui grandissent dans des foyers violents ne sortent pas indemnes. Même s’ils ne reçoivent pas les coups, ils en ressentent les vibrations : peur, anxiété, troubles du sommeil, difficultés à l’école, reproduction des schémas violents à l’âge adulte.

En tolérant la violence conjugale, nous éduquons une génération brisée, confuse, habituée à l’inacceptable. Un garçon qui voit son père battre sa mère sans conséquences retiendra que la force prime sur le respect. Une fille qui voit sa mère subir en silence pensera qu’aimer, c’est endurer.

Harcèlement numérique : la nouvelle arme silencieuse

Dans un monde de plus en plus connecté, le téléphone portable est devenu l’arme de contrôle la plus insidieuse. Les femmes centrafricaines, qu’elles vivent à Bangui, à Bordeaux ou à Bruxelles, sont traquées, insultées, humiliées sur les réseaux sociaux par d’anciens partenaires, des inconnus ou même des membres de leur entourage.

« La violence ne frappe plus seulement avec les poings. Elle clique, partage, filme, expose. »

Le harcèlement numérique prend plusieurs formes : diffusion de contenus intimes sans consentement (revenge porn) ; menaces répétées via WhatsApp ou Facebook Messenger ; usurpation d’identité ou création de faux profils pour nuire ; commentaires sexistes et dégradants publics ou privés ; surveillance excessive de la part d’un conjoint.

Ce harcèlement détruit l’estime de soi, pousse certaines à l’isolement social, d’autres jusqu’au suicide. Il affecte aussi leur employabilité, leur vie professionnelle et leur santé mentale. Il est temps d’appeler les choses par leur nom : ces comportements sont des violences. Et ils sont punissables.

Heureusement, la République centrafricaine a récemment franchi un cap. Une nouvelle loi sur la cybercriminalité a été adoptée en juin 2025, un progrès majeur dans la protection des femmes en ligne. Cette loi punit désormais explicitement : la publication de contenus intimes sans autorisation ; l’usurpation d’identité numérique; l’intimidation, les menaces et la manipulation par écran interposé.

Ce cadre légal actualisé vient compléter les articles 105 à 107 du Code de la famille et l’article 218 du Code pénal, qui condamnent déjà les violences physiques et morales dans le cadre conjugal. Mais une loi, aussi belle soit-elle, ne protège que si elle est appliquée, et connue.

Les sociétés de télécommunication doivent agir

Nous appelons à la mobilisation des opérateurs téléphoniques, des entreprises numériques, des médias et des fournisseurs d’accès Internet. Ils ne peuvent plus se contenter de vendre des abonnements et du débit. Ils ont une responsabilité citoyenne dans la diffusion de contenus éducatifs et protecteurs, notamment : intégrer des campagnes de sensibilisation sur les dangers du harcèlement numérique ; soutenir des numéros verts à travers leurs réseaux ; bloquer ou signaler les utilisateurs auteurs de violences numériques ; coopérer avec les autorités pour identifier les harceleurs. « L’outil numérique doit être une passerelle vers la liberté, jamais une chaîne invisible. »

 Dire non à la violence, c’est changer nos regards, nos réactions, nos justifications. C’est refuser d’encourager une amie à « supporter » ou à « pardonner pour les enfants » quand sa vie est en jeu. C’est former les garçons au respect, et non à la domination. C’est enseigner que l’amour ne blesse pas. Ce 27 juin, nous marcherons. Mais dès le 28, nous devons parler, former, agir, dénoncer, protéger. Il est temps que les voix des victimes deviennent les lois des vivants.

Sainte Heureuse Naomie

Bengue Banguitoumba dit

Mme Du Proprio L’étoile du drapeau.

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