
À Bimbo, la pénurie d’eau potable est devenue une réalité quotidienne. Chaque matin, avant même le lever du soleil, une longue file d’habitants s’étire devant un puits de fortune. Bidons à la main, certains discutent, d’autre somnolent, épuisés par des réveils à l’aube pour espérer obtenir quelques litres d’eau.
Des sacrifices pour quelques gouttes. Dans cette partie de la capitale centrafricaine, l’accès à l’eau relève d’un véritable parcours du combattant. Stéphanie, vendeuse de légumes au marché de Bimbo, nous confie : « Ce n’est pas facile pour moi. Chaque matin, je dois me battre pour avoir suffisamment d’eau. Pour éviter que mes enfants arrivent en retard à l’école, je me lève à 4 h 30 pour aller chercher de l’eau et revenir à 6 h afin de pouvoir vaquer à mes occupations. »
Comme elle, de nombreuses mères de famille doivent jongler entre la corvée d’eau et leurs responsabilités quotidiennes. Certains habitants doivent parcourir de longues distances pour s’approvisionner, faute de puits ou de forages publics en nombre suffisant.
« Une ressource rare et convoitée »
Dans ce quartier, il n’est pas rare d’assister à des altercations autour des rares points d’eau accessibles. « L’eau est devenue un diamant », entend-on souvent dire ici. Et pour cause : la demande dépasse largement l’offre. Des âmes charitables ouvrent parfois leurs concessions pour permettre aux voisins de puiser, mais cette aide reste ponctuelle et insuffisante face aux besoins croissants.
Hervé, élève en classe de Première D au lycée de Bimbo, partage son expérience : « C’est mon quotidien. Je dois tout faire pour ne pas rentrer à la maison sans que les bidons soient remplis. J’en ai besoin pour me laver et aussi pour mes petits frères, afin qu’on puisse aller à l’école. S’il y avait plusieurs forages dans le quartier, ce serait plus simple, mais malheureusement, nous devons nous débrouiller chaque jour. C’est épuisant. »
Au-delà de la fatigue et du stress qu’engendre cette crise de l’eau, les conséquences sanitaires sont alarmantes. Faute d’eau potable, de nombreuses familles consomment une eau de qualité douteuse, augmentant les risques de maladies diarrhéiques et d’infections.
L’éducation des enfants est également mise à mal. Avant de se rendre à l’école, ils doivent souvent contribuer à la collecte d’eau, ce qui occasionne des retards et une fatigue qui impacte leur concentration en classe.
« Quelle solution pour Bimbo ? »
Bimbo, à l’image d’autres quartiers de Bangui, fait face à une situation critique qui nécessite une réponse urgente. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, pourtant, ici, il reste un privilège difficilement accessible. Et même si des effets d’annonce sont régulièrement rendus publics çà et là, la situation ne fait que s’empirer.
Face à ce défi, la population espère des actions concrètes des autorités et des organisations humanitaires pour améliorer la situation : construction de nouveaux forages, sécurisation des points d’eau existants, mise en place d’un système de distribution plus efficace.
En attendant, chaque matin à Bimbo commence par la même course contre la montre : celle pour l’eau, une ressource devenue plus précieuse que jamais.