
Depuis plusieurs années, Bertin Béa exilé en France a multiplié les interventions sur la nécessité d’un dialogue inclusif et d’une réconciliation nationale. Aujourd’hui, son retour annoncé au pays marque un pas capital, tant pour sa carrière politique que pour l’avenir d’un dialogue inclusif en Centrafrique.
Dans une interview exclusive, Bertin Béa explique que sa décision de rentrer est motivée par le besoin d’être sur le terrain, aux côtés des Centrafricains, pour participer activement à la stabilisation du pays : « Le Centrafrique a besoin de toutes ses forces vives pour surmonter ses défis. Mon retour s’inscrit dans une volonté de contribuer de manière constructive aux réflexions et aux efforts collectifs pour consolider la paix et renforcer la cohésion nationale. »
Cette déclaration marque une volonté de transcender les clivages politiques et de privilégier l’unité nationale. Loin d’un simple retour personnel, il s’agit d’un engagement à jouer un rôle actif dans la dynamique politique du pays.
Bertin Béa se positionne de manière pragmatique. Contrairement aux spéculations sur un possible rapprochement avec le pouvoir en place, il précise : « Je ne suis ni dans une opposition systématique, ni dans un ralliement aveugle. Ce pays a besoin d’unité et de solutions pour avancer. Il faut dépasser les clivages et travailler ensemble sur les vrais défis : réconciliation nationale, redressement économique, exploitation des ressources minières et forestières. »
Son approche se veut donc centrée sur les intérêts du peuple plutôt que sur les querelles partisanes. Cette posture pourrait lui permettre de rallier différentes sensibilités politiques et de peser dans les débats à venir.
« Une Constitution Qui Nécessite Encore du Dialogue »
L’une des questions qui divisent encore la classe politique est celle de la Constitution de 2023, adoptée par voie référendaire. Sur ce point, Bertin Béa affiche une position mesurée : « En tant que républicain, je respecte le choix du peuple. Toutefois, certains sujets restent clivant et nécessitent un débat national pour garantir la cohésion et l’unité. »
Il met en lumière la nécessité d’une concertation élargie pour éviter que la Constitution ne devienne un facteur de division.
L’interdiction pour les binationaux d’accéder à certaines fonctions étatiques, notamment la présidence et le Parlement, est un sujet brûlant. Bertin Béa s’inquiète du risque d’exclusion : « Il ne faut pas que cette disposition devienne un outil d’exclusion empêchant certains compatriotes de briguer des postes clés. La diaspora contribue au développement du pays, et nous devons réfléchir à une intégration équitable, plutôt que de créer des fractures inutiles. »
Cette prise de position reflète une vision inclusive qui pourrait séduire une partie de la diaspora centrafricaine, souvent marginalisée dans les processus décisionnels.
Par le passé, Bertin Béa avait évoqué l’idée d’une transition sans le président Faustin-Archange Touadéra. Aujourd’hui, il nuance son discours : « Avec le recul et en toute responsabilité, on ne peut pas parler d’une transition sans le président Touadéra. Il est en place, et nous devons chercher des solutions politiques avec lui. L’essentiel est de privilégier un dialogue inclusif garantissant la paix et la réconciliation entre toutes les composantes du pays. »
Cette évolution témoigne d’un pragmatisme politique qui pourrait favoriser l’émergence d’un consensus autour des grandes réformes à venir.
« Crise RDC-Rwanda : Une Menace Régionale »
Interrogé sur la montée des tensions entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, Bertin Béa exprime son inquiétude : « Cette crise est une menace pour toute l’Afrique centrale. Les tensions entre la RDC et le Rwanda ont des répercussions régionales. Il est impératif que les dirigeants africains prennent leurs responsabilités pour éviter une escalade du conflit. »
Il suggère que la Centrafrique puisse jouer un rôle de médiateur pour encourager un dialogue constructif. Cette volonté d’apaisement à l’échelle régionale s’inscrit dans sa vision plus large d’une Afrique centrale stable et unie.
Pour conclure, Bertin Béa lance un appel fort à ses compatriotes : « Je reviens avec une seule mission : l’unité et le dialogue. Nous avons trop souffert des divisions. Comme le disait Thucydide : « Il faut être fou pour préférer la guerre à la paix. » Toutes les guerres finissent par un dialogue, alors autant privilégier la discussion dès le départ. »
Avec ce retour, Bertin Béa s’inscrit dans une dynamique de rassemblement, loin des luttes partisanes. Son positionnement, entre réalisme politique et volonté de réconciliation, fera-t-il de lui un acteur clé des prochaines échéances politiques en Centrafrique ? L’avenir nous le dira.