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La commune de Bégoua 2 a vibré ce dimanche 25 mai 2025 au rythme de la fête des mères, organisée par l’Équipe Choc de soutien au président Faustin-Archange Touadera. Cet événement, riche en émotions, en sport et en culture, a rassemblé des centaines de participants venus rendre hommage aux mamans dans une ambiance de paix et de fraternité. Mais cette journée festive revêtait une portée bien plus profonde pour une localité encore marquée par plus d’une décennie de crises politico-militaires.

Au cœur des festivités, un match de football inédit a opposé une équipe de mères à une sélection de jeunes filles de la commune. Sous les applaudissements nourris des habitants, les jeunes filles ont remporté la rencontre (3-2) aux tirs au but. Un moment à la fois ludique et hautement symbolique : «Ce match était avant tout un symbole du vivre-ensemble, de la transmission entre générations. Gagner contre nos mamans, cest émouvant, mais c’est surtout la victoire de toute la communauté», a confié Dorcas Rose Kare, capitaine de l’équipe des jeunes filles.

De leur côté, les mamans ont salué l’initiative, à l’image de Movia Ningatoloum, capitaine des mères : «La victoire a choisi son camp aujourdhui, mais lessentiel est ailleurs. Voir les générations se rencontrer dans la joie et le respect, cest cela qui compte. Le sport, cest le peuple.»

La journée a également été marquée par des animations culturelles : danses traditionnelles, chants, et sketchs humoristiques. Des cadeaux symboliques ont été remis aux mères, dans un esprit de reconnaissance et de solidarité.

Un passé douloureux encore présent dans les mémoires

Si l’ambiance était à la fête, les habitants de Bégoua n’oublient pas les épreuves que leur commune a traversées depuis fin 2012.

Lorsque la coalition rebelle Séléka a lancé son offensive fin 2012, Bégoua, commune limitrophe de Bangui, a été rapidement impactée. En 2013, lors de la prise de Bangui, la commune fut occupée, entraînant des vagues de violences, de pillages et de déplacements massifs.

L’arrivée des milices anti-balaka en 2013 a plongé Bégoua dans des affrontements intercommunautaires. En janvier 2014, au moins sept personnes ont été tuées lors d’incidents violents impliquant des civils et des forces internationales. Le 29 mars 2014, le massacre du PK12, tout proche, a marqué les esprits, causant de nombreuses pertes humaines et aggravant les tensions.

Entre 2016 et 2020, avec l’amélioration progressive de la sécurité, de nombreux déplacés sont revenus à Bégoua. Mais ces retours ont révélé une autre facette du traumatisme : les conflits fonciers. Plusieurs familles ont trouvé leurs maisons occupées ou revendiquées par d’autres, parfois malgré des décisions judiciaires en leur faveur.

Cette problématique foncière reste une source de tensions, mettant en lumière les défis de la reconstruction sociale et économique après les conflits.

Des signes d’espoir et d’unité retrouvée

Malgré ce passé douloureux, Bégoua fait montre de résilience. En 2019, un match de football avait déjà été organisé pour marquer le retour des musulmans dans la commune, symbole fort de réconciliation. Des campagnes de justice transitionnelle ont été lancées en 2022 avec la participation des victimes, tandis que les leaders communautaires s’engagent désormais activement contre la désinformation et les discours de haine, notamment en période électorale.

Pour Stéphane Lipopo, coordonnateur de l’Équipe Choc, cette célébration de la fête des mères est une continuité des efforts pour la paix et la cohésion : «Soutenir le président Touadera, cest aussi être aux côtés du peuple dans ses joies et ses blessures. À travers ces actions, nous voulons renforcer le vivre-ensemble, valoriser le rôle fondamental des femmes, et bâtir des communautés fortes et unies.»

En réunissant les générations autour d’un ballon, d’une chanson ou d’un poème, Bégoua a prouvé une fois de plus que la paix ne naît pas que de grandes décisions politiques, mais aussi de gestes simples et sincères. Cette journée de célébration n’était pas seulement un hommage aux mères, mais un témoignage vibrant de la capacité d’un peuple à se relever.

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