
La capitale centrafricaine est depuis plusieurs semaines le théâtre d’une série d’accidents de la route ayant coûté la vie à de nombreux citoyens. Alors que l’opinion publique pointe du doigt l’état de dégradation avancée des routes, le gouvernement, lui, rejette la faute sur le comportement des conducteurs de motos-taxis, jugé irresponsable.
C’est dans ce contexte de tension entre les usagers de la route et les autorités que le ministre de la Communication et des Médias, Maxime Balalou, s’est exprimé ce mercredi 11 juin 2025 lors de la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire du gouvernement. Un exercice au cours duquel il a voulu clarifier la position de l’exécutif face à l’augmentation inquiétante des accidents de circulation dans la ville de Bangui.
« Nous avons fait beaucoup d’efforts pour améliorer les conditions des routes dans la ville de Bangui. Et la question des nombreux cas d’accidents est due à la mauvaise conduite des taxis-motos », a-t-il affirmé.
Une responsabilité rejetée sur les motos-taxis
Pour Maxime Balalou, les conducteurs de motos-taxis principalement de jeunes hommes sont les principaux responsables de cette insécurité routière. Il les accuse notamment de faire usage de stupéfiants et de faire fi des règles du code de la route, mettant ainsi en danger la vie des passagers et des autres usagers.
« Beaucoup de ces jeunes ne respectent, ni la priorité, ni même la limitation de vitesse. Certains consomment des substances illicites avant de prendre la route. Ce sont ces comportements dangereux qui expliquent, en grande partie, la hausse des accidents », a-t-il ajouté.
Selon le ministre, le gouvernement ne reste pas inactif face à ce phénomène. Des mesures sont actuellement en cours, initiées par le ministère des Transports, pour encadrer davantage le secteur des motos-taxis. Il s’agirait notamment de contrôles routiers renforcés, de campagnes de sensibilisation à la sécurité routière, et d’un projet de délivrance de permis obligatoires aux conducteurs de motos-taxis.
Une version contestée par les usagers
Malgré les déclarations du gouvernement, de nombreux habitants de Bangui expriment leur scepticisme. Pour eux, l’état de délabrement des routes reste l’une des causes majeures des accidents : « Il y a des nids-de-poule partout, des chaussées impraticables en saison des pluies et peu d’éclairage public la nuit. Même un bon conducteur peut perdre le contrôle dans ces conditions », confie Rodrigue, un commerçant du quartier PK5.
Ces critiques sont corroborées par plusieurs organisations de la société civile, qui dénoncent depuis des années l’insuffisance des investissements dans les infrastructures routières.
Un récent rapport de la Banque mondiale met en évidence la gravité de la situation. Il indique que les accidents de la circulation représentent désormais une cause croissante de mortalité en République centrafricaine. En réaction, l’institution a récemment débloqué un financement conséquent destiné à la réhabilitation et à la modernisation des routes à Bangui et dans d’autres zones stratégiques du pays.
Ce soutien international vise à réduire les facteurs structurels à l’origine des accidents, en complément des actions gouvernementales axées sur les comportements à risque.
Le drame des accidents de la route à Bangui révèle donc une réalité complexe : si le comportement imprudent de certains conducteurs notamment de motos-taxis est incontestable, il est indissociable d’un environnement routier dégradé, d’un système de régulation insuffisant, et d’un manque de formation et d’encadrement professionnel.
Dans un contexte de fragilité économique et institutionnelle, le défi reste immense. La coordination entre les efforts nationaux et le soutien international semble aujourd’hui indispensable pour freiner l’hécatombe routière et garantir une circulation plus sûre pour tous les Centrafricains.