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Depuis près de deux semaines, les coupures d’électricités deviennent monnaies courante dans la ville de Bangui et ses périphéries causant des pertes en vies humaines et en articles de consommation mise au froid. Et même si la société de la distribution du courant parle d’une panne en cours de réparation, la situation demeure la même et la population se plaint.

Il est 21h à l’hôpital communautaire de Bangui. Dans les couloirs sombres, des infirmiers s’affairent avec des lampes torches pour surveiller les patients. Depuis plusieurs jours, la capitale centrafricaine est plongée dans une crise énergétique. Une panne survenue à la sous-station B de Gobongo a laissé des quartiers entiers sans électricité, avec des conséquences tragiques pour les plus vulnérables.

Dans une salle de soins, un médecin tente de rassurer une famille en pleurs. : « Nous avons tout fait pour stabiliser leur père, mais sans électricité, notre matériel est inutilisable », confie-t-il d’une voix brisée. Faute d’alimentation en courant, plusieurs respirateurs ont cessé de fonctionner. Certains patients sous oxygène ont dû être ventilés manuellement pendant des heures, affirme Léonie venue au chevet de son père.

À la maternité, de l’Hopital de Bede–combattant dans le 8e arrondissement de Bangui, la situation est tout aussi critique : « Nous avons eu un accouchement compliqué cette nuit. L’absence de lumière et d’équipement fonctionnel a rendu l’intervention très risquée », explique une sage-femme, qui refuse de dévoiler son identité.

« Des familles en deuil »

Dans le quartier de PK12, Aline Akazoundy, une mère de famille, est inconsolable. Son fils de 32 ans, asthmatique, dépendait d’un appareil respiratoire, mais faute d’electricite il est mort : « Nous avons essayé de le brancher sur un petit générateur, mais il n’a pas tenu. Il est mort dans mes bras car les docteurs indiquaient qu’on ne pouvait pas lui transféré dans un autre hôpital », raconte-t-elle en sanglots.

Elle n’est pas la seule dans ce cas. De nombreux témoignages affluent sur les réseaux sociaux, dénonçant des décès liés aux coupures prolongées. Certains accusent l’ENERCA d’avoir tardé à réagir : « Ils savaient que le réseau était fragile, pourquoi attendre que des gens meurent pour nous parler ? », s’indigne Romaric, un habitant du quartier Gobongo.

« L’ENERCA s’excuse mais reste floue sur le délai de rétablissement »

Face à la colère grandissante, la Direction Générale de l’Énergie Centrafricaine (ENERCA) a publié un communiqué le 11 mars 2025. Elle reconnaît une panne technique majeure et assure que ses équipes sont mobilisées pour rétablir le service dans les plus brefs délais. Mais aucune date précise n’a été avancée : « Nous comprenons la souffrance des populations et nous faisons tout pour résoudre ce problème rapidement », indique Stanislas Sako, responsable technique de l’ENERCA.

Cette nouvelle crise met en lumière les défaillances chroniques du réseau électrique centrafricain. De nombreux citoyens et organisations demandent des réformes structurelles et un plan d’urgence pour les infrastructures critiques, notamment les hôpitaux.

Mais en attendant, à Bangui, chacun s’adapte comme il peut. Dans les quartiers plongés dans le noir, les bougies et les lampes solaires deviennent les seules sources de lumière. Mais pour certains, le retour du courant viendra trop tard.

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