
Dix ans après l’attaque meurtrière contre l’église Notre-Dame de Fatima, la justice centrafricaine marque un tournant avec l’arrestation de Mohamed Ali Fadoul, inculpé pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Cette interpellation relance l’espoir des victimes et de leurs familles, qui réclament justice depuis une décennie.
Le 28 mai 2014, en pleine crise intercommunautaire, un groupe armé affilié aux milices d’auto-défense du quartier KM5 a attaqué l’église Notre-Dame de Fatima, située dans le 3ᵉ arrondissement de Bangui. L’église servait alors de refuge à des centaines de civils fuyant les violences opposant les milices anti-balaka (majoritairement chrétiennes) aux groupes armés issus de l’ex-coalition Séléka (à dominante musulmane).
Les assaillants, lourdement armés, ont ouvert le feu et lancé des grenades sur les fidèles, causant la mort d’au moins 15 personnes, dont l’abbé Paul-Émile Nzalé, et blessant des dizaines d’autres. Ce massacre a marqué un tournant dans le conflit centrafricain, illustrant la brutalité des affrontements entre communautés.
Une longue attente judiciaire
Malgré l’indignation nationale et internationale, les familles des victimes ont dû attendre une décennie avant de voir les premiers responsables présumés traduits en justice. La Cour pénale spéciale (CPS), créée pour enquêter sur les crimes graves commis en Centrafrique, a mis du temps à réunir les preuves nécessaires et à procéder aux premières arrestations.
En 2022, plusieurs chefs de groupes armés affiliés à l’ex-Séléka ont été arrêtés et inculpés. Aujourd’hui, l’arrestation de Mohamed Ali Fadoul constitue une avancée majeure. Selon la CPS, il est accusé d’avoir joué un rôle clé dans la planification et l’exécution de l’attaque contre l’église.
L’inculpation de Mohamed Ali Fadoul pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’impunité en République centrafricaine. Les organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch, appellent à un procès rapide et équitable pour que justice soit enfin rendue aux victimes.
« Cette arrestation est un premier pas, mais il faut maintenant que les auteurs de ce massacre soient jugés et condamnés pour leurs crimes », a déclaré un représentant d’une ONG locale.
L’affaire Fatima reste l’un des symboles des violences intercommunautaires qui ont ensanglanté la Centrafrique. Dix ans après, l’arrestation de Mohamed Ali Fadoul rappelle l’importance d’une justice forte pour tourner la page des conflits et reconstruire un pays en paix.
Les familles des victimes, toujours endeuillées, attendent désormais un procès qui pourrait établir les responsabilités et garantir que de telles atrocités ne restent pas impunies.