
Alors qu’une position avancée des Forces Armées Centrafricaines (FACA) a été attaquée ce lundi 3 février, causant la mort de cinq soldats, de nouvelles informations ont été rendues publiques. Voici ce que l’on sait.
Selon une source proche de Markounda, qui a suivi la première version relayée par Afrique en Plus le mardi 4 février, des incohérences subsistent dans le récit médiatique affirmant que l’attaque a été repoussée avec succès par les FACA.
« Les révélations »
D’après cette source, les rebelles auraient prévenu les soldats stationnés à Bodjomo de leur intention de les attaquer. La raison ? Le lieutenant Cyrille Ouilibona, commandant du détachement tombé dans l’embuscade, aurait confisqué un bidon de 5 litres d’or appartenant aux assaillants : « Depuis plusieurs semaines, les rebelles menaçaient cette position des FACA. Les rumeurs circulaient largement à Bodjomo et dans ses environs. Mais les soldats, sûrs d’eux, ne prenaient pas ces menaces au sérieux. »
Contactée par Afrique en Plus, une source proche des soldats, sous couvert d’anonymat, confirme l’existence de ces rumeurs et évoque une possible complicité d’une partie de la population locale : « Vous savez que Bodjomo est une ville à majorité musulmane. À chaque mouvement des FACA, leurs positions sont aussitôt signalées aux rebelles. Pour cette attaque, certains conducteurs de moto-taxis avaient averti les soldats d’une offensive imminente, mais ils n’ont pas pris l’alerte au sérieux. C’est ce qui a conduit à cette tragédie. »
Un militaire basé à Markounda, non loin du lieu du drame, explique que cette négligence s’explique par les nombreuses menaces des rebelles qui, par le passé, ne se sont pas toujours concrétisées : « Ici, dans l’Ouham, nous sommes habitués aux provocations des rebelles et de leurs partisans. Ils annoncent souvent des attaques, mais elles n’ont pas toujours lieu. C’est peut-être ce qui a poussé nos collègues à ne pas prendre cette menace au sérieux, avec les conséquences tragiques que l’on connaît. »
« Les autorités locales appellent au calme »
Face à la tension qui monte, les autorités locales appellent à la retenue. Joint par téléphone, le maire de Bodjomo insiste sur la nécessité d’une meilleure collaboration entre la population et les forces de l’ordre : « Ces cas de trahison ne sont pas isolés, ils sont fréquents. Il est impératif que la population communique avec les soldats déployés ici pour assurer leur propre sécurité, car seuls les FACA peuvent le garantir. De leur côté, les militaires doivent aussi faire preuve de professionnalisme et éviter de s’approprier les biens des habitants. »
Pour l’instant, aucune réaction officielle du gouvernement n’a été enregistrée. Cette attaque soulève de nouvelles questions sur la préparation et le professionnalisme de l’armée centrafricaine.