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La liberté de la presse est de nouveau mise à l’épreuve en République centrafricaine, cinq jours après l’arrestation de Landry Ulrich Ngokpele, directeur de publication du journal Le Quotidien de Bangui. Accusé de diffamation et de manœuvres présumées de déstabilisation impliquant certains proches de la garde présidentielle, son interpellation par les services de la Section des Recherches et d’Investigation (SRI) attire de vives réactions, notamment dans le milieu médiatique et au sein de la société civile.
 En réponse aux critiques croissantes face à cette arrestation, le ministre de la Communication, des Médias et porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, s’est exprimé ce lundi 12 mai lors du traditionnel point de presse gouvernemental.

Se voulant ferme, il a déclaré : « La liberté de la presse n’est pas le libertinage de la presse. Aucun journaliste ne dispose d’une immunité qui lui permettrait de se livrer à des actes tendant à nuire à la stabilité de l’État. »

Selon lui, la liberté d’informer ne saurait être un prétexte à l’anarchie ou à des entreprises qui, selon ses termes, « remettent en cause l’ordre républicain ».

Interrogé sur l’engagement de la RCA en faveur de la dépénalisation des délits de presse, pourtant ratifiée par le pays, le ministre a préféré rester évasif : « À l’état actuel des choses, aucun commentaire ne saurait être fait, car la justice suit son cours. »

L’Union des Journalistes Centrafricains (UJCA) monte au créneau

L’affaire a provoqué une vive réaction de l’Union des Journalistes Centrafricains (UJC). Son vice-président, Jean Fernand Koena, a dénoncé une arrestation arbitraire et une instrumentalisation politique de la justice : « Les motifs avancés sont de la pure diversion. Il s’agit d’un acharnement contre un journaliste qui dérange. Il faut impérativement que Landry Ulrich Ngokpele retrouve sa liberté, sa famille et son lieu de travail. »

L’UJCA exige la libération immédiate de leur confrère et appelle à un respect strict des engagements internationaux de la RCA, notamment en matière de liberté de la presse et de protection des journalistes.

Alors que le journaliste reste en détention à la SRI depuis maintenant cinq jours, le parquet  qui serait à l’origine de l’ordre d’arrestation, n’a pas encore communiqué officiellement sur les circonstances de cette interpellation. Cette absence d’information alimente les spéculations et l’inquiétude dans les rangs des défenseurs des droits humains et des professionnels des médias.

Un climat de plus en plus tendu pour les médias

Cette affaire intervient dans un contexte marqué par une montée des tensions entre certains organes de presse et les autorités gouvernementales. Plusieurs journalistes ont récemment dénoncé des pressions, intimidations voire des menaces directes, en particulier ceux traitant de sujets sensibles liés à la gouvernance, aux droits humains ou à la sécurité.

Si les autorités affirment vouloir réguler le secteur des médias dans un esprit de responsabilité, de nombreuses voix dénoncent une dérive autoritaire, où toute critique est perçue comme une attaque contre l’État.

En attendant une clarification officielle de la justice, l’affaire Ngokpele reste un test majeur pour la démocratie centrafricaine et pour la crédibilité des engagements du pays en matière de liberté d’expression.

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