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La Côte d’Ivoire se prépare à une élection présidentielle décisive le 25 octobre 2025. Au centre du débat : la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat. À 83 ans, le président sortant, en fonction depuis 2010, a annoncé sa volonté de briguer un nouveau mandat, justifiant sa décision par la nécessité de poursuivre les réformes et de garantir la stabilité du pays.

Alassane Ouattara, réélu pour un troisième mandat en 2020 après une révision constitutionnelle en 2016 qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, a annoncé sa candidature pour un quatrième mandat. Il justifie cette décision par la nécessité de poursuivre les réformes engagées et de garantir la stabilité du pays. Cependant, cette révision constitutionnelle a été perçue par certains comme une manœuvre pour rester au pouvoir indéfiniment.

L’exclusion de Laurent Gbagbo, ancien président et leader du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), ainsi que de Tidjane Thiam, ancien directeur général de Credit Suisse et candidat du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a exacerbé les tensions politiques. Gbagbo, bien que réhabilité, reste interdit de participation électorale en raison de condamnations antérieures, tandis que Thiam a été radié des listes électorales en raison de sa double nationalité franco-ivoirienne. Ces exclusions ont renforcé le sentiment d’injustice et d’iniquité parmi les opposants, provoquant des débats intenses sur la légitimité de cette élection.

Réactions de l’opposition

L’opposition ivoirienne rejette massivement la candidature de Ouattara. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Abidjan, où des milliers de personnes ont exprimé leur mécontentement. Laurent Gbagbo a appelé ses partisans à l’unité pour contrer ce qu’il considère comme une « tentative de confiscation du pouvoir ».

Les partis d’opposition dénoncent également des arrestations arbitraires de leurs militants et cadres, accusant le gouvernement de recourir à des manœuvres visant à semer la peur. Cette situation a créé un climat de tension sociale et politique dans le pays, accentué par la perception que la justice et les institutions sont partiellement instrumentalisées à des fins politiques. Ces tensions font craindre un retour aux violences électorales, similaires à celles observées lors des scrutins passés.

La situation en Côte d’Ivoire s’inscrit dans un contexte régional préoccupant, marqué par des dérives autoritaires dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Les précédents coups d’État et les révisions constitutionnelles pour prolonger les mandats présidentiels alimentent les inquiétudes quant à l’avenir démocratique de la région. L’Afrique de l’Ouest, autrefois considérée comme un modèle de stabilité relative, voit ses acquis démocratiques remis en question par ces pratiques, qui risquent de provoquer un effet domino dans les pays voisins.

La communauté internationale suit de près l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire. L’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont exprimé leur préoccupation face aux tensions politiques croissantes et appellent au respect des principes démocratiques et à un dialogue inclusif. La diplomatie internationale insiste sur l’importance d’un processus électoral transparent et équitable pour prévenir toute escalade de la violence et assurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.

Les enjeux économiques et sociaux

Au-delà de la dimension politique, la Côte d’Ivoire fait face à des défis économiques et sociaux importants. Le pays a enregistré des progrès notables en matière de croissance économique, notamment grâce à l’agriculture, au cacao et à l’investissement dans les infrastructures. Cependant, les inégalités sociales persistent et la jeunesse, confrontée au chômage et au manque de perspectives, demeure particulièrement sensible aux tensions politiques. La prolongation du mandat d’Ouattara est donc perçue par certains comme un moyen de maintenir une certaine stabilité économique, mais au risque d’alimenter la frustration populaire et le sentiment d’exclusion.

La candidature pour un quatrième mandat d’Alassane Ouattara questionne la consolidation démocratique en Côte d’Ivoire. Alors que le pays a connu des périodes de crise dans le passé, la population est désormais plus attentive à la transparence des institutions et à la légitimité des élections. Les mécanismes démocratiques sont testés, et la capacité du pays à gérer pacifiquement les oppositions politiques sera déterminante pour l’avenir politique et social de la nation.

La perception d’une démocratie en péril provient également de la combinaison de l’exclusion des principaux candidats de l’opposition et de la révision constitutionnelle. Ces éléments donnent l’impression que les règles du jeu électoral sont remodelées pour servir les intérêts du pouvoir en place, ce qui pourrait affaiblir la confiance des citoyens dans le système politique.

La candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat soulève des interrogations sur la consolidation démocratique en Côte d’Ivoire. Alors que le pays a connu des progrès économiques, les défis politiques actuels pourraient compromettre les acquis réalisés. Il est essentiel que toutes les parties prenantes œuvrent ensemble pour garantir un processus électoral transparent, inclusif et respectueux des principes démocratiques. La stabilité future du pays dépendra de la capacité de la classe politique à privilégier le dialogue et le respect des institutions, plutôt que la concentration du pouvoir à tout prix. L’équilibre entre stabilité et démocratie sera, dans les mois à venir, le véritable test pour la Côte d’Ivoire et sa population.

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