
Dans une région marquée par l’éloignement des centres de santé, l’insuffisance de personnel médical et le manque de moyens financiers, l’intervention conjointe du contingent pakistanais de la MINUSCA et du district sanitaire local a apporté un soulagement bienvenu à la population de Bangassou.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, une campagne de consultations gratuites a permis à 245 personnes, dont 70 enfants, de bénéficier de soins médicaux, de médicaments essentiels et d’un dépistage rapide du paludisme a Bangassou dans la préfecture du Mbomou.
En ce début de saison pluvieuse, période où la maladie connaît une recrudescence, cette initiative civilo-militaire a été accueillie avec une vive reconnaissance par les habitants : « Nous sommes en saison pluvieuse, et le taux du paludisme est très élevé, surtout chez les enfants. La majorité de la population n’a pas les moyens pour la prise en charge médicale. Merci à la MINUSCA, à ses militaires pakistanais, d’avoir pensé aux habitants du quartier Rouanga », a témoigné Odile Banguina, une mère de famille venue consulter pour son fils fébrile.
Un accès aux soins limité et inégal
Dans le Mbomou, comme dans de nombreuses régions rurales de la RCA, l’accès aux soins de santé reste un défi quotidien. Les structures sanitaires sont peu nombreuses, souvent éloignées, et manquent cruellement de ressources humaines et matérielles. À Bangassou, bien que le district sanitaire tente de maintenir un service minimal, les ruptures de stocks de médicaments, le manque de laboratoires fonctionnels et les difficultés logistiques entravent sérieusement la qualité des soins.
Le coût des soins est également un obstacle majeur pour les familles. Dans une région où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté, se rendre à l’hôpital, acheter des médicaments ou payer une consultation relève souvent du luxe. Cette précarité favorise l’automédication, les traitements traditionnels ou, pire, l’abandon pur et simple des soins.
Le paludisme reste l’une des principales causes de morbidité et de mortalité en République centrafricaine, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans. En saison des pluies, les mares stagnantes se multiplient, créant un environnement idéal pour la prolifération des moustiques. Ce qui fait que, le personnel médical local observe chaque année une hausse significative des cas dès les premières pluies.
Lors de l’opération du 25 avril 2025, tous les cas suspects ont été testés à l’aide de kits de dépistage rapide fournis par la MINUSCA. Les patients diagnostiqués positifs ont immédiatement reçu un traitement antipaludique gratuit, souvent inaccessible pour les familles sans ressources.
Sensibilisation et prévention au cœur de l’action
Outre la prise en charge curative, une campagne de sensibilisation a été menée en parallèle. Les habitants ont été informés sur les mesures de prévention : utilisation de moustiquaires imprégnées, assainissement des lieux de vie, reconnaissance des symptômes précoces. Des messages clairs ont été délivrés, dans les langues locales, pour assurer une meilleure compréhension.
Cette approche intégrée soins, prévention et éducation est essentielle dans un contexte où la lutte contre le paludisme ne peut reposer uniquement sur le traitement des cas. Elle nécessite un engagement communautaire, un appui logistique durable et un accès continu aux produits de santé.
Pour le personnel de santé local, ce type d’intervention est vital, mais ne peut suffire : « Nous avons besoin de soutien permanent, pas seulement lors des campagnes ponctuelles », confie un agent de santé présent sur les lieux. Le district sanitaire appelle à un renforcement durable des infrastructures de santé, à des dotations régulières en médicaments et à un appui pour la formation continue du personnel.
La MINUSCA, par la voix de ses représentants sur place, a réaffirmé son engagement en faveur de la santé des populations vulnérables. L’intervention du contingent pakistanais s’inscrit dans une série d’actions humanitaires menées à travers le pays, souvent en coopération avec les autorités sanitaires locales.
À Rouanga, comme ailleurs en RCA, les besoins sont immenses. Mais pour un jour, les habitants ont trouvé réconfort et soins, et un rappel précieux : la santé est un droit fondamental, et non un privilège.