Alors que l’opposition centrafricaine continue de réclamer à cor et cri la tenue d’un dialogue politique avant les élections, dans son discours tenu la veille de la fête de proclamation de la République, le Président de la République a annoncé qu’il est prêt à dialoguer avec ceux qui ne partagent pas sa position. Même si le format ou encore la date de cette rencontre nationale n’est pas présentée par le Président, d’aucuns estiment que c’est un pas de plus vers la décrispation du climat politique à l’aune des scrutins à venir.
« Sachant que la démocratie n’entraine pas nécessairement l’unanimité, nous restons partisans du dialogue. Ainsi, sur les sujets qui touchent à l’intérêt national, tels que la paix, la sécurité, le développement, l’accord doit pouvoir se faire avec ceux qui ne partagent pas nos positions ». Ainsi parla le Président de la République la veille de la célébration du 66e anniversaire de proclamation de la République. Avant d’ajouter « j’exhorte tous les partis, associations et mouvements politiques, les sultans et chefs traditionnels, les organisations de la société civile, à faire preuve de retenue, de patriotisme et de sagesse afin que ces élections soient réellement inclusives, démocratiques et apaisées ».
Le discours n’a pas manqué de susciter tous les commentaires des observateurs de l’actualité centrafricaine alors que depuis quelques années l’opposition centrafricaine conditionne sa participation à tout processus électoral au nécessaire dialogue politique. Toutefois, au-delà du simple discours, certaines voix continuent de réclamer du Président de la République davantage d’actions visant à décrisper l’ambiance politique à la veille des prochaines élections. Comme annoncé dans des livraisons précédentes du journal « Afrique en plus », les partenaires de la République centrafricaine, en particulier l’Union Européenne, à travers ses instituts de médiation avaient initié des démarches visant à réunir autour d’une table pouvoir et opposition, et favoriser la tenue d’élections inclusives. Sauf que jusque-là, les démarches semblent trainer. Et pour causes ? Le manque de volonté politique d’une part, et l’enraidissement des positions des factions d’autres parts. Cependant, pour tout observateur lucide, il va falloir absolument cette entente politique avant la tenue de ces scrutins majeurs.
En rappel, les périodes électorales ont toujours été marquées en Centrafrique par des séries de violence. Le dernier cas en date, marqué par les assauts de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) reste encore frais dans la mémoire collective au moment où l’annonce des prochaines élections ne manquent pas de susciter inquiétudes alors que le compromis politique n’est toujours pas trouvé.
D’ici-là, le vœu le plus cher est de voir Touadéra surpasser le simple cadre du discours, d’avoir le courage de convoquer ses opposants autour de la table, d’aborder avec ces derniers les questions qui fâchent afin d’aller vers des scrutins apaisés.