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Terrible revers pour la « Françafrique » cette fin du mois de Novembre. D’une façon ou d’une autre, les capitales Dakar et Ndjamena ont décidé de rompre leur coopération militaire avec Paris. Des décisions qui relancent le débat sur les relations que l’ancienne métropole doit avoir avec l’Afrique.

« Le Gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense avec la République française révisé en date du 5 Septembre 2019, visant à renforcer la défense et la coopération en matière de sécurité et de défense entre les deux Nations ».

C’est en ces termes que dans un communiqué d’une page, le ministre d’Etat aux affaires étrangères, porte-parole du gouvernement du Tchad, annonça la fin de la coopération entre son pays et l’ancien colonisateur.

Pas plus que le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, qui, lors d’une grande interview accordée à la presse française, a déclaré que « la souveraineté du Sénégal ne s’accommode pas de la présence de bases militaires françaises ». Si la décision de Ndjamena pouvait surprendre par sa brutalité car intervenue au moment où le chef de la diplomatie française était en mission dans ce pays, du côté de Dakar, pas vraiment d’exclusivité, parce que connaissant les positions qui sont celles d’Ousmane Sonko et de son « poulain » Diomaye Faye, l’on pouvait déjà présager qu’à leur accession au pouvoir, un tel scénario devrait envisageable. Les deux pouvoirs n’étant réellement pas « ami-amis », la vraie question qui mérite d’être posée est celle de savoir pourquoi Dakar et Ndjamena ont attendu le même jour pour annoncer leur décision de rompre leur coopération avec la France !? Même si dans le fond, N’Djamena est allé loin dans sa décision en l’actant par un communiqué officiel, la position de Dakar s’est plutôt résumé à une « simple » déclaration d’intention faite par Diomaye à travers son interview avec la presse. Bref, comme l’auraient commenté les éditorialistes durant ces trois derniers jours, l’annonce de cette rupture de coopération devrait être plutôt perçue comme un mal pour un bien, puisque dans le fait, de Sarkozy en passant par Hollande et Macron, c’est depuis que les dirigeants français ont marqué leur intention de « revisiter » leur coopération avec l’Afrique. Tant il est vrai qu’avec la mondialisation, le Continent Noir, naguère perçu comme « terre barbare » a évolué en termes de conception de son présent et de son avenir, et qu’il ne saurait admettre une quelconque « paternalisation ». Dès lors, l’absence de la présence militaire française ne pouvait qu’être envisageable dans la mesure où l’Afrique ne souhaite plus qu’on pose la jambe sur son cou. Dans l’autre sens, il est grand temps de rappeler aux dirigeants africains qui se drapent derrière le fameux concept de « panafricanisme » qu’en dénonçant la coopération militaire avec la France, il va falloir s’assumer, en toute souveraineté. Déjà que N’Djamena et Dakar n’ont pas pris le chemin de Ouagadougou et de Bamako, est une bonne chose en soi. C’est vrai qu’on peut rompre n’importe quel type de coopération avec la France sans laisser entendre le son du tambour. Cependant, la responsabilité d’Etat commande qu’on s’emploie à combler le verre vide. Et, au regard des arguments avancés aussi bien par N’Djamena que Dakar, l’on peut estimer que les décisions ont été murement réfléchies et qu’elles pourraient contourner tout « saut dans l’inconnu ». « Afrique en plus » le dit sans détours que la rupture de la coopération militaire entre Paris, N’Djamena et Dakar est un choix salutaire qui relance (de la plus belle des manières) le débat relatif au partenariat entre la France et ses anciennes colonies.

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