La France est-elle en train de reprendre toute sa place en République centrafricaine ? Annonce de la reprise de l’aide budgétaire, de la coopération militaire, réception en grandes pompes du dirigeant centrafricain à Paris. Le climat actuel entre la Centrafrique et la France amenuise les rapports conflictuels entre les deux pays depuis 2018 où les russes ont fait leurs premiers pas à Bangui.
Musée de Louvre. Ce jour, pour ce « diner exceptionnel » offert par la présidence française à l’occasion des Jeux Olympiques, il y a bien le dirigeant centrafricain Faustin Archange Touadéra. A ses côtés, bien sûr, son épouse Tina Touadéra. Une fois de plus, les images prises viennent témoigner la reprise des relations entre Paris et Bangui après les rapports tumultueux entretenus depuis le débarquement des russes en Centrafrique.
Contrairement au Niger, au Burkina-Faso et au Mali, ces autres anciennes colonies françaises dont le rapprochement avec Moscou agace à Paris, la délégation centrafricaine est plutôt au « grand complet » mais surtout « la bienvenue » aux J.O. En plus d’une belle représentation des athlètes centrafricains, il y a bien sûr la présence des officiels tel que le « très » russophile ministre de la jeunesse, Héritier Doneng.
En effet, selon plusieurs sources diplomatiques, la décrispation des tensions entre Paris à Bangui a débuté après la médiation menée en 2022 par l’ex président gabonais Ali Bongo Ondimba lors du Gabon Forest Summit. En marge de cette rencontre internationale, le président français avait eu un tête-à-tête avec son homologue centrafricain. Après cela, le dirigeant centrafricain a été invité à Paris où il a été notamment reçu aux champs Elysées. S’en suivra une autre rencontre où, accompagné de son directeur de cabinet et de la ministre des affaires étrangères, Sylvie Baipo-Temon, une feuille de route de la nouvelle coopération entre Paris et Bangui avait été clairement définie.
Même si les deux parties n’ont pas rendu publique les termes du nouveau cadre de partenariat, de sources indiscrètes évoquent notamment des secteurs clés sur lesquels va se baser la nouvelle coopération à savoir : l’économie, l’éducation, la santé, la jeunesse, etc.
Dans un contexte de récession économique en Centrafrique, Paris prévoit aussi la reprise de son aide budgétaire. Sur l’axe diplomatique, les sources de « Afrique + » notent les démarches menées par la partie française auprès de l’Union Européenne et d’autres Institutions Financières Internationales (Banque mondiale, FMI, BAD) en vue de la levée du blocus sur certains financements en faveur de la Centrafrique.
Notons que depuis le début des démarches de nouvelle coopération menées par les deux parties, c’est à pas comptés que Paris, à travers sa représentation à Bangui, fonctionne dans le pays. Arrivé il y a un an, l’ambassadeur de France à Bangui, Bruno Foucher, est même sévèrement critiqué par les forces vives du pays pour son penchant envers le pouvoir. Rappelons que lors d’une interview donnée à une radio locale, le diplomate français a presque « sommé » l’opposition de prendre part aux prochaines élections locales alors que celle-ci campe sur sa position arguant que les conditions ne sont toujours pas réunies pour la tenue des scrutins libres, démocraties et transparents.