
Depuis longtemps, de nombreuses voix dénoncent une alliance de circonstance au sein du BRDC, regroupant des partis politiques fondamentalement opposés sur le plan idéologique et stratégique.
Pour comprendre les véritables intentions des membres de cette plateforme, il faut remonter aux élections présidentielles de 2016, qui ont vu l’accession de Faustin-Archange Touadéra à la magistrature suprême.
Arrivé en tête au premier tour, Anicet-Georges Dologuélé, président de l’URCA, s’était qualifié pour le second tour face à celui qu’on appelait alors le « Président des pauvres », Faustin-Archange Touadéra. Contre toute attente, la quasi-totalité des autres candidats, ainsi que des figures majeures de la transition politique de 2013 à 2016, se sont ralliés à Touadéra.
Était-ce une stratégie bien pensée ou une méconnaissance profonde de l’homme qu’ils soutenaient ?
Dans un esprit républicain, à l’image des traditions démocratiques sénégalaises ou américaines, Dologuélé a reconnu sa défaite au nom de la paix, pour préserver un pays encore meurtri par une longue crise.
Mais c’est alors que les premières désillusions sont apparues.
Il est né un monstre et la bergerie s’est vidée aussitôt.
Même ses géniteurs ne le reconnaissent plus.
Cochon a linda mosquée. Débandade totale.
Le COD2020 est né à l’initiative de l’URCA, dans une volonté affichée de fédérer l’opposition après l’échec d’ E Zôngô Biani.
Les ennemis d’hier se sont retrouvés autour d’une même table, prétendant marcher ensemble. Mais pour combien de temps ?
Beaucoup ont cru qu’ils avaient tiré les leçons de l’échec de 2016, en mettant de côté les ambitions personnelles pour aligner un seul candidat face à Touadéra. Pourtant, à quelques mois des élections, les égos refont surface.
Les divisions internes fragilisent l’unité tant espérée, et la coalition menace d’éclater.
Résultat prévisible : chacun pour soi, et tous les chemins mènent au Palais de la Renaissance.
Touadéra s’impose une fois de plus, cette fois pour un second mandat, conformément à la Constitution de 2016.
Alors, à quoi a servi la lutte du COD2020 ? Quelle leçon retenir ?
Comme souvent dans la culture politique centrafricaine, aucune remise en question sérieuse n’a été faite.
Le BRDC prend la relève, enterrant le COD2020 sans bilan, sans évaluation des forces et faiblesses.
On se lance à nouveau dans la lutte, les mêmes acteurs, cette fois pour bloquer un troisième mandat jugé anticonstitutionnel.
Mais après ? Et si ça ne marche pas, que fait-on ?
Référendum boycotté, mais sans effet : et maintenant ?
Le boycott du référendum constitutionnel s’est soldé par un échec.
Pendant que l’opposition se retirait du processus, FAT poursuivait sereinement son chemin.
Résultat : la Constitution de 2023 a été imposée, entérinée, et reconnue par la communauté internationale, qui continue de soutenir le processus électoral en cours.
Le boycott collectif a-t-il vraiment été un succès ? Que change-t-il concrètement dans cette 7e République désormais en marche ?
Une équation difficile à résoudre, même pour les économistes, banquiers, juristes et autres acteurs de la société civile.
L’unité de façade affichée autour du rejet du référendum semble s’effondrer pour des intérêts stratégiques et personnels.
Finalement, quel est le plus valu qu’on apporte comme offre à la population pour mettre fin à leur misère ?
La nature a horreur du vide.