
Le Dr Dominique Désiré Erenon, président du parti politique d’opposition Marche pour la Démocratie et le Salut du Peuple (MDSP), a été arrêté vendredi 3 octobre 2025 à son arrivée à l’aéroport international de Bangui M’Poko, après un vol en provenance de Paris. Cette interpellation, survenue à la veille de l’ouverture du dépôt des candidatures pour les élections générales de décembre, suscite de vives inquiétudes sur le climat politique dans le pays.
Le déroulement des faits
De retour en Centrafrique après plus de trois années passées en France, l’opposant et constitutionnaliste a été immédiatement intercepté par les forces de l’ordre. Selon les informations rapportées par des médias locaux, Dr. Erenon a d’abord été conduit « dans la salle d’honneur de l’aéroport » où un commissaire lui a notifié que le procureur souhaitait le voir.
Il a ensuite été transféré successivement à l’Office Central pour la Répression du Banditisme (OCRB) pour des interrogatoires, puis à la Section de Recherche et d’Investigation (SRI) de la gendarmerie nationale, où il se trouvait toujours en attendant l’arrivée du procureur. Son retour faisait suite à un appel de son bureau politique et à son souhait de reprendre ses activités d’enseignement du droit public à l’Université de Bangui.
Un contexte politique sensible
Cet événement intervient à un moment particulièrement tendu de la vie politique centrafricaine. La période de dépôt des candidatures pour le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, municipales et régionales) prévu le 28 décembre 2025 a été officiellement ouverte le 2 octobre. Le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, a d’ailleurs déposé sa candidature ce même jour.
Quelques heures seulement avant son arrestation, dans une déclaration à RFI, le Dr Erenon s’était montré critique envers la conduite du processus électoral. Il avait estimé que la date du 28 décembre ne lui paraissait « pas tenable d’un point de vue technique » et avait plaidé pour la tenue d’un « dialogue politique inclusif » afin d’apaiser un « climat politique très tendu ». Son parti, la MDSP, n’avait pas annoncé publiquement son intention de boycotter le scrutin, contrairement à la plateforme d’opposition Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC).
Des motifs officiels qui font défaut
À ce stade, les autorités judiciaires et le gouvernement n’ont pas officiellement communiqué les motifs de l’arrestation de Dominique Désiré Erenon. L’absence de charges claires et publiquement révélées est au cœur de la controverse.
Dans ce vide informationnel, des sources anonymes au sein de l’opposition, citées par Corbeaunews-Centrafrique, y voient une manœuvre d’intimidation à trois mois des élections. Elles accusent le régime en place de chercher à « écarter les voix critiques du processus électoral ». Pour ses soutiens, cette garde à vue est perçue comme un message adressé à l’ensemble de l’opposition, dans un contexte où le président Touadéra avait pourtant publiquement appelé tous les Centrafricains de la diaspora à rentrer au pays.
Les réactions et les attentes
L’arrestation du leader de la MDSP risque de cristalliser les tensions politiques. L’opposition et la société civile centrafricaines, ainsi que la communauté internationale, attendent des autorités qu’elles justifient cette interpellation par des preuves tangibles et respectent les procédures légales.
Les prochaines heures seront décisives. La libération de Dr. Erenon ou, à l’inverse, sa présentation devant un juge avec des accusations formelles, enverra un signal fort sur l’état des libertés démocratiques et l’équité du jeu électoral en République centrafricaine.