
Une vive polémique secoue depuis plusieurs jours les réseaux sociaux en République centrafricaine. En cause, une affiche largement relayée, associée à tort ou à raison au 1er Festival Franco-Centrafricain des Arts Scéniques. Le slogan qui y figure, « Ici on peut être soi », ainsi que les visuels laissant entrevoir des couples homosexuels, ont im-médiatement suscité l’indignation d’une partie de l’opinion publique. Beaucoup y voient une opération de promotion déguisée de l’homosexualité, en totale contradiction avec la Constitution et les lois centrafricaines.
Interpellée, l’ambassade de France à Bangui rejette toute responsabilité et dénonce une fake news. Pourtant, cette même affiche circule bel et bien sur le site officiel du ministère français des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, où elle accompagne une campagne nationale de lutte contre l’homophobie. Un message qui, dans le contexte français, s’inscrit dans une démarche de prévention et de sensibilisation. Mais transposé en Centrafrique, il devient une véritable bombe culturelle et politique.
Des lois claires, une ligne rouge franchie
La RCA s’est dotée d’un cadre légal sans ambiguïté. L’article 40 de la Constitution du 30 août 2023 stipule que « tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé ». Le Code de la famille, dans son article 200, rappelle que le mariage est « l’union d’un homme et d’une femme ». Ces textes, loin d’être symboliques, traduisent l’attachement profond de la nation centrafricaine à ses valeurs religieuses, traditionnelles et culturelles.
Dès lors, voir surgir une affiche laissant entendre que « l’on peut être soi » en toutes orientations sexuelles, dans un cadre estampillé « franco centrafricain », apparaît pour beaucoup comme une atteinte directe à la souveraineté législative et morale du pays.
Ce scandale illustre un malaise grandissant : la diplomatie culturelle occidentale sert-elle encore uniquement à promouvoir l’art et l’échange, ou devient-elle l’outil d’une ingérence idéologique ?
En imposant ses campagnes sociétales en dehors de ses frontières, la France volontairement ou non se heurte à la réalité d’un pays qui refuse catégoriquement toute reconnaissance publique de l’homosexualité. Ce décalage, perçu comme une arrogance, alimente le sentiment que l’Occident tente d’imposer à l’Afrique des pratiques jugées contraires à ses fondements.
Un choc des valeurs aux conséquences explosives
La RCA n’est pas un cas isolé. L’Ouganda, le Ghana, le Cameroun, pour ne citer qu’eux, sanctionnent sévèrement l’homosexualité. En Centrafrique, la famille reste le socle de la société, fondée sur des traditions religieuses et coutumières séculaires. Face à cela, l’« importation » de slogans occidentaux sur la liberté sexuelle est vécue comme une provocation, voire une tentative de déstructuration des repères culturels africains.
Cette crispation nourrit un climat de méfiance croissante vis-à-vis des partenaires étrangers. Et l’affaire de l’affiche pourrait bien devenir le symbole d’une fracture profonde entre deux visions du monde : celle d’un Occident militant pour la diversité sexuelle, et celle d’une Afrique attachée à la protection stricte de ses valeurs ancestrales.
Préserver la souveraineté culturelle
Il revient désormais aux autorités centrafricaines de réagir avec fermeté. Non pas dans une logique de rejet diplomatique, mais pour rappeler que la coopération culturelle doit respecter la souveraineté des lois nationales.
Trois pistes apparaissent essentielles :
Un dialogue diplomatique clair avec l’ambassade de France, afin d’éviter toute ambiguïté future. Un encadrement plus strict des coopérations culturelles, avec validation préalable des campagnes et affiches diffusées sur le territoire. Une communication proactive du gouvernement, réaffirmant les valeurs de la famille et de la culture centrafricaine.
La polémique autour de l’affiche n’est pas une simple anecdote médiatique. Elle met en lumière la nécessité urgente de repenser la coopération culturelle franco centrafricaine. La RCA, comme l’ensemble du continent africain, n’entend pas céder sur l’essentiel : le respect de ses lois, de sa culture et de ses valeurs.
Promouvoir l’art, oui. Favoriser les échanges, oui. Mais importer des idéologies étrangères en contradiction frontale avec la société centrafricaine ? C’est non. La France, si elle veut maintenir des relations apaisées avec Bangui, devra l’entendre.