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Dans une note datée du 14 août 2025, s’étalant sur 16 pages, Alexis NDUI-YABELA, Professeur de Droit et de Science politique à l’Université de Bangui, met en lumière un affront qu’il considère inacceptable, dirigé contre lui par Arnaud DJOUBAYE ABAZENE, Président du Conseil juridique et d’assistance au Secrétaire Exécutif National. Cette note, soigneusement intitulée « dénonciation d’un acte inacceptable et extrêmement grave », dévoile le visage caché d’un homme en proie à la colère et aux désillusions.

NDUI-YABELA s’estime lésé par son exclusion de la liste des candidats députés pour les prochaines élections, malgré son statut de Ministre, Directeur de Cabinet de la Primature et Rapporteur Général du Conseil Juridique et d’Assistance au Secrétariat national du MCU. Loin de se satisfaire de ses attributions actuelles, il nourrit l’ambition d’être député de la circonscription de Nola 1, cherchant ainsi à s’assurer un mandat électif pour ne pas servir de fusible à chaque fois comme il l’a été lors des évincements antérieurs de son poste de DG de l’ENAM et de son rôle à la Primature où il avait servi en tant que Conseiller juridique.

Sa stratégie semble être influencée par le célèbre dicton de La Fontaine, « tout flatteur vit au-dépens de celui qui l’écoute ». En effet, pour séduire le Secrétaire Exécutif National, NDUI-YABELA n’hésite pas à s’enrober de compliments, exprimant sa gratitude de manière onctueuse : « Je vous remercie de tout mon cœur, de toute mon âme et de toute ma force pour cette marque de confiance à l’endroit de ma modeste personne ». Ce, après qu’il soit désigné Rapporteur général du Conseil juridique. Cette flatterie révèle une dynamique profondément ancrée dans sa quête de pouvoir au sein du parti. Rappelons ses interventions controversées dans l’émission « Patara » de Radio Ndeke Luka, où il cherchait à capter l’attention des hautes autorités pour obtenir un poste valorisant.

L’avertissement de La Fontaine sur les dangers de la vanité est particulièrement pertinent ici : celui qui se laisse séduire par les compliments peut facilement devenir l’objet de manipulations. Lorsqu’il parvient à obtenir le poste de Directeur Général de l’ENAM, son passage a été mitigé, aboutissant à son remerciement avant qu’il ne soit de nouveau recyclé comme Conseiller juridique à la Primature.

Le message est clair : les flatteries ne sont pas nécessairement des signes de sincérité; elles peuvent masquer des intentions perfides. Cela souligne l’importance du discernement et de l’humilité, essentiels pour éviter de tomber dans le piège de la flatterie et des faux-semblants.

Aujourd’hui, dans un élan de colère, NDUI-YABELA s’attaque à ses « frères unis » du MCU, qualifiant son exclusion de « coup bas politicien non intelligent, très mal orchestré, s’apparentant à des fourberies de Scapin ». En surenchérissant, il prétend que cela va à l’encontre de la philosophie d’action prônée par leur leader, le Président-Fondateur, Professeur Faustin Archange TOUADERA : « l’addition et la multiplication » au lieu de « l’addition et la soustraction ».

Se posant en victime, il déclare : « Frère uni Secrétaire Exécutif National, depuis la création du MCU, alors que je ne suis qu’un ‘roseau pensant’, je ne comprends vraiment pas pourquoi certains frères unis, notamment ceux du Bureau politique promus par notre Grand Frère uni, s’acharnent contre moi, comme si j’étais Jacques MESRINE, ‘l’Ennemi public n°1. »

Cette démarche, teintée de légèreté d’esprit et de désespoir, soulève des questions sur la nature du pouvoir et des relations interpersonnelles au sein des sphères politiques. Elle rappelle que la vie politique n’est pas que glamour et prestige. La lutte pour la reconnaissance et le pouvoir peut souvent trahir des ambitions personnelles, où l’orgueil et l’avidité remplacent la loyauté et l’intégrité.

Dans un tel contexte, il est essentiel de naviguer avec prudence et réflexion pour éviter d’être piégé par les méandres du pouvoir et de la manipulation.

Alexis NDUI-YABELA dirige un doigt accusateur vers le Ministre d’État, Arnaud DJOUBAYE ABAZENE, en charge de la Justice, de la Promotion des droits de l’Homme et de la Bonne gouvernance, ainsi qu’en tant que président du Conseil juridique du MCU. Il l’accuse d’avoir manipulé les résultats des élections primaires dans l’obscurité de la nuit.

Son ire se tourne également vers son rival, le candidat POGOLA Abdoulaye Hassan, qui l’a battu de manière nette dans la circonscription de Nola 1. NDUI-YABELA allègue que ce dernier serait en possession de faux documents qu’il aurait présentés dans son dossier de candidature. Jeune opérateur économique originaire de la localité, POGOLA Abdoulaye Hassan est beaucoup proche de la population à travers des actions concrètes qu’il mène dans cette circonscription.

En s’appuyant sur des références d’auteurs tels que Jean-Pierre QUENEUDEC, Jean-Claude RICCI et BEAUREGARD-BERTHIER, il dépeint un état d’esprit de désespoir, cherchant désespérément une bouée de sauvetage. Toutefois, ses tentatives se heurtent à une maladresse évidente dans ses argumentaires. Par exemple, sa citation d’Olivier PASSELECQ dans « Les élections primaires : dérive institutionnelle et piège politique » (dans La Ve République. Mélanges en l’honneur de Didier MAUS, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 2023, pp. 403-410) semble plutôt être une provocation à l’égard du régime actuel.

NDUI-YABELA, se positionnant en « doctus cum libro » (savant avec des livres), s’attaque sans détour à l’administration du Président Faustin Archange TOUADERA. Il soutient que l’autorisation des élections primaires, qui écarte des militants comme lui, pourrait mener à une dérive institutionnelle dans le cadre de la 7e République.

Dans ses déclarations, il évoque sa déception face au rejet constant dont il se dit victime de la part de certains de ses « frères unis » exerçant des fonctions élevées au sein de l’État. Il déclare : « Frère uni Secrétaire Exécutif National, si, à l’image de Jésus de Nazareth, je continue d’être constamment rejeté, je me verrais dans l’obligation de rejoindre l’une des innombrables associations de soutien au Grand Frère uni Professeur Faustin Archange TOUADERA, dont la coordination est assurée par le frère uni Sany YALO, notamment : le Comité de soutien des universitaires (CSU). » De tels propos soulèvent des interrogations quant à la pertinence des nominations de personnalités comme NDUI-YABELA à des postes élevés de l’État, tel que Ministre ou Directeur de Cabinet à la Primature.

Dans son hargne, NDUI-YABELA s’attaque directement aux magistrats et aux avocats centrafricains qu’ils considèrent dans ces propos comme mal formés et n’ayant qu’une vue étriquée superficielle et banale du droit. Ce qui constitue, à n’en pas douter, des propos constitutifs de délit d’outrages à magistrat et susceptible des poursuites judiciaires pour servir d’exemple aux personnalités politiques qui se comportent en véritables délinquants.

Voici ses propos : « Comme le soulignent à merveilles deux Professeurs émérites de droit, « détenteurs de l’autorité juridique », un Professeur de droit ne doit nullement être confondu ni avec un magistrat, ni avec un avocat centrafricain. Titulaires, dans leur grande majorité, d’un diplôme de Master 1 (Bac +4) ou de Licence (Bac+3) en droit, les magistrats ou avocats centrafricains ont certes acquis une connaissance et une culture juridique générale de base au sein d’une Faculté de Droit, complétée éventuellement par une courte année de formation professionnelle ou initiale dans une école nationale de formation des acteurs judiciaires, mais sans pour autant poursuivre et approfondir leurs études juridiques jusqu’à la soutenance d’une thèse de Doctorat (Bac+8) en droit.

Par conséquent, et compte tenu du niveau de formation auquel ils se sont arrêtés, sans oublier les conditions d’études particulièrement alarmantes en Centrafrique (effectif dérisoire d’enseignants de rang magistral, bibliothèque universitaire dépourvue d’ouvrages juridiques actualisés, une seule librairie dont les rayons ne contiennent aucun livre de droit, etc.), les magistrats  ou les avocats centrafricains n’ont, selon des qualificatifs empruntés au Professeur Émile GIRAUD, qu’une vue étriquée, superficielle et banale du droit ».

Leçon à retenir : En cherchant à frapper fort, Alexis NDUI-YABELA risque de perdre bien plus que ce qu’il espère gagner.

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