
Une crise humanitaire silencieuse secoue actuellement les villes de Zémio et Mboki, dans le sud-est de la République Centrafricaine. Selon les témoignages recueillis sur le terrain, près de 4 000 personnes déplacées vivent dans des conditions déplorables, sans abri, sans accès aux soins, sans nourriture, et totalement abandonnées à elles-mêmes.
Ces populations ont fui les violences armées qui sévissent dans la région, notamment les affrontements entre groupes armés rivaux et les attaques ciblées contre les civils.
Cherchant la sécurité, elles se sont réfugiées dans des zones censées être plus sûres, notamment dans les périphéries de Zémio et Mboki. Cependant, à leur arrivée, elles n’ont trouvé ni assistance humanitaire ni soutien des autorités locales ou nationales.
Entassées sous des bâches de fortune, sans latrines ni accès à l’eau potable, ces familles vivent exposées aux intempéries au sein de l’église Catholique de la localité. La saison des pluies ne fait qu’aggraver leur situation : sans abri convenable, nombre d’entre eux dorment à même le sol, sous la pluie, dans la boue. Les enfants tombent malades, et aucun centre de santé n’est accessible pour leur offrir des soins.
« Nous vivons comme des animaux. Même les chiens ont un meilleur abri que nous », confie une femme déplacée, mère de cinq enfants, à notre correspondant local.
Les maladies hydriques et respiratoires, telles que la diarrhée, le paludisme et les infections pulmonaires, sont en forte recrudescence. L’accès à la nourriture est également critique : la majorité des déplacés n’a pas mangé depuis plusieurs jours, dépendant de la solidarité précaire des communautés hôtes, elles-mêmes en situation de pauvreté extrême.
Silence des autorités et absence des humanitaires
Malgré l’ampleur de la crise, aucune réponse concrète des autorités nationales ni des organisations humanitaires n’a encore été observée. Le silence des institutions étatiques et des ONG internationales inquiète les observateurs locaux et suscite la colère des déplacés.
Pour Quentin Démocrate, membre influent de la société civile ici à Bangui, cette tragédie est la conséquence directe de l’abandon institutionnel du Haut-Mbomou : « Cette situation dramatique n’est pas un hasard. Elle est le fruit de l’inexistence totale de l’État dans cette partie du pays. Depuis des années, les autorités ont tourné le dos à notre région. Aujourd’hui, on voit les conséquences de cet abandon. Ce silence du gouvernement est non seulement révoltant, mais criminel. » Selon lui, tant que l’État centrafricain n’affirmera pas sa présence effective dans les zones reculées, de telles crises continueront à se répéter.
Face à cette situation dramatique, la voix de l’Église catholique s’élève également. Monseigneur Aurélio Gazzera, évêque de Bangassou, a exprimé sa profonde inquiétude : « Ce que vivent actuellement les populations de Zémio et Mboki est inacceptable. Ces familles, déjà traumatisées par la guerre, sont aujourd’hui abandonnées, livrées à la faim, aux maladies, à la pluie. On ne peut pas détourner le regard. J’appelle avec force les autorités centrafricaines et la communauté internationale à agir immédiatement. L’inaction serait une complicité silencieuse. » L’évêque, connu pour son engagement en faveur de la paix et des plus vulnérables, rappelle que la dignité humaine ne peut être sacrifiée au silence bureaucratique ou à l’indifférence.
Face à l’inaction persistante, les populations de Zémio et Mboki, soutenues par des voix religieuses et civiles, lancent un appel désespéré au pouvoir de Bangui et a des ONGs d’agir