0 5 minutes 3 mois

C’est une avancée majeure dans la lutte contre l’impunité en République centrafricaine qui a été franchi ce lundi 5 mai 202 en Centrafrique. Après quatre mois de détention au Cameroun, l’ancien ministre et chef rebelle Armel Sayo a été extradé vers Bangui. Il a été remis officiellement aux autorités judiciaires centrafricaines, qui l’attendaient de longue date.
 Le 17 janvier 2025, Armel Sayo est interpellé à l’aéroport international de Douala par les services camerounais.

Il tentait alors de quitter discrètement le territoire en direction de la France, où il espérait trouver refuge.

Cette arrestation fait suite à un mandat d’arrêt international émis par la justice centrafricaine, qui le recherchait pour une série de crimes graves.

Un parcours politico-militaire sulfureux

Ancien ministre de la Jeunesse et des Sports pendant la transition de 2014 à 2016, Armel Sayo avait ensuite rompu avec le processus politique pour reprendre les armes.

À la tête de la Coalition Militaire pour le Salut du Peuple et le Redressement (CMSPR), il a mené plusieurs actions armées contre les forces gouvernementales et les populations civiles.

Son groupe est notamment accusé de : recrutement d’enfants soldats ; pillages de villages et meurtres de civils ; assassinats de soldats FACA (Forces Armées Centrafricaines) ; tentative de coup d’État contre le président Faustin Archange Touadéra ; et détournements massifs de fonds publics pendant son passage au gouvernement.

Figure influente des négociations de Khartoum en 2019, où il officiait comme porte-parole de la coalition des 14 groupes armés, Armel Sayo avait ensuite été accusé de relancer des activités insurrectionnelles depuis l’extérieur du pays.

Un bras de fer diplomatique avec la France

L’extradition d’Armel Sayo n’a pas été immédiate. Malgré les demandes répétées de Bangui, le Cameroun avait jusque-là hésité, en partie en raison de la protection consulaire dont bénéficiait Sayo de la part de la France.

Selon les autorités centrafricaines, les données extraites de son téléphone à Douala révèlent des échanges soutenus avec des personnalités politiques françaises, notamment le député Laurent Wauquiez et une rencontre confirmée avec Nicolas Sarkozy, ancien président français.

Cette situation a suscité des tensions diplomatiques, certains y voyant une tentative d’ingérence française dans les affaires centrafricaines.

Finalement, sous la pression conjointe de la justice camerounaise et centrafricaine, et dans un contexte de rapprochement sécuritaire régional, le feu vert a été donné pour le transfert de l’ex-chef de guerre.

À son arrivée le 5 mai à Bangui, Armel Sayo a été immédiatement placé en détention par la Police judiciaire centrafricaine.

Il devrait être présenté dans les prochains jours devant le procureur spécial en charge des affaires de haute trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Selon une source judiciaire, plusieurs chefs d’accusation pourraient être retenus contre lui, notamment : complicité d’actes terroristes ; atteinte à la sûreté de l’État ; crimes économiques ; et violations graves des droits humains.

Un signal fort contre les chefs de guerre

Pour le gouvernement de Bangui, cette extradition marque un tournant. Elle envoie un message clair aux groupes armés encore actifs dans le pays : aucun refuge ne sera durable, et la justice finira par rattraper les auteurs de violences.

Le président Touadéra, en quête de rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, pourrait faire de ce procès un exemple.

L’opinion publique centrafricaine, quant à elle, attend avec impatience que lumière soit faite sur le rôle d’Armel Sayo dans les nombreuses exactions commises ces dernières années.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *