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La République Centrafricaine se trouve aujourd’hui à un carrefour historique, un moment où les décisions du pouvoir en place dessinent un avenir incertain et potentiellement funeste pour ses citoyens. Faustin Archange Touadera, en pleine quête de pouvoir éternel, semble avoir fait le choix de sacrifier les fondements démocratiques du pays sur l’autel de l’ambition personnelle.

La volonté du président actuel de briguer un troisième mandat est plus qu’une simple provocation politique ; c’est un coup de poignard dans le cœur de la République et un défi lancé à tous ceux qui croient encore à la démocratie.

La décision de Touadera n’est ni un faux pas, ni un écart passager ; c’est une rupture totale avec les principes démocratiques qui avaient pourtant été durement conquis au prix du sang et des sacrifices des Centrafricains. En cherchant à s’accrocher au pouvoir au-delà des limites constitutionnelles, Touadera transforme une crise politique en une crise existentielle pour la nation toute entière. Le peuple centrafricain ne se contente plus de s’opposer à une simple réforme constitutionnelle ; il lutte désormais contre l’instauration d’une dynastie politique qui n’a de démocratique que le nom.

L’ironie est cruelle : alors que le pays souffre d’une crise économique, sociale et sécuritaire sans précédent, l’unique objectif de son président semble être de se maintenir coûte que coûte à la tête de l’État, quitte à forcer la Constitution pour servir ses ambitions personnelles. La Constitution de 2016, soigneusement élaborée après des années de transition, devait être un rempart contre toute dérive autoritaire.

Mais comme tant d’autres avant lui, Faustin Archange Touadera semble considérer cette loi fondamentale comme un simple obstacle à ses désirs de pouvoir. Le 28 mai 2022, il franchissait un seuil irréversible en annonçant son intention de modifier la Constitution pour se maintenir en place. C’était, en réalité, la fin de la République telle que nous la connaissions.

La question n’est plus de savoir si le peuple a été trompé ; il a vu clair dans le jeu. L’illusion d’un « État de droit » évoqué par le pouvoir n’est qu’un leurre. En vérité, ce régime pratique l’intimidation, les menaces de mort et les pressions politiques pour étouffer toute voix discordante.

Dans cette atmosphère lourde de menaces, l’opposition a pris une décision courageuse : celle de résister. Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) s’est dressé contre la dérive autoritaire, et son action, loin d’être vaine, est un symbole de résistance pour ceux qui refusent de voir la République réduite en un simple appendice du pouvoir personnel.

Les marches pacifiques du 4 et 5 avril, prévues à Bangui et à Paris, sont bien plus qu’un simple cri de protestation ; elles sont un appel à la conscience mondiale. Ces événements sont une opportunité de rappeler au monde que la Centrafrique n’est pas la propriété de Touadera ni de ses partisans.

Ces manifestations sont une exigence de justice, une demande de changement et une exigence de respect pour les droits fondamentaux des Centrafricains. À travers ces marches, les citoyens centrafricains montrent qu’ils ne sont pas prêts à accepter une présidence à vie, qu’ils se battent pour une démocratie véritable et non pour un pouvoir personnel incarné par un homme et ses alliés.

Pourtant, malgré l’énergie déployée par la société civile, la réalité demeure tragique : l’opposition est confrontée à un pouvoir bien rodé, qui manipule les institutions, fait usage de la violence et écrase toutes les velléités de contestation. L’armée, aux mains de Touadera, et les mercenaires de Wagner ne sont que les instruments d’une répression sanglante contre toute forme d’opposition.

Les Centrafricains de la diaspora, appelés à soutenir cette résistance, ont un rôle fondamental à jouer. Ils doivent faire entendre leur voix, soutenir les manifestations, mais aussi participer activement à la mise en lumière de ce qui se passe sur le terrain. L’isolement du régime de Touadera ne se fera pas par des mots ou des déclarations timides, mais par un front uni, solide et implacable, contre un pouvoir qui se sert de la Constitution pour en faire une parodie.

Le peuple centrafricain mérite mieux que cette farce tragique. Il mérite une gouvernance responsable, une véritable alternance politique et un respect des principes démocratiques. Mais pour cela, il faut d’abord que les Centrafricains, ensemble, disent non à la dictature qui s’installe insidieusement. Le temps des compromissions est révolu ; il est temps de se lever, de revendiquer notre dignité, et de mettre un terme à la folie de ce pouvoir qui croit pouvoir se jouer de la démocratie. Si le peuple ne résiste pas maintenant, il risque de se voir condamné à vivre sous un joug permanent.

Le 4 avril, les rues de Bangui résonneront du cri de la justice. Le 5 avril, la place de la République à Paris témoignera du soutien inébranlable des Centrafricains. Ensemble, nous devons faire comprendre à Touadera que la République ne se monnaye pas, qu’elle n’est pas à vendre à ceux qui cherchent à en faire leur propriété personnelle.

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