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À l’approche des élections en République centrafricaine, le parti Kwa Na Kwa (KNK), par la voix de son président intérimaire Christian Olivier Guenebem Dedizoum, a choisi de tirer la sonnette d’alarme. Dans une déclaration vigoureuse, le KNK met en lumière un certain nombre de dysfonctionnements qui fragilisent davantage un pays déjà en proie à des tensions politiques et sociales.

À moins de six mois du scrutin présidentiel, ces préoccupations devraient enflammer le débat public et redéfinir les priorités des acteurs nationaux et internationaux.

La critique du KNK vise en priorité le cadre électoral qui, selon lui, crée de profondes inégalités entre citoyens. À travers l’adoption de nouvelles lois électorales, le pouvoir en place semble avoir jeté de l’huile sur le feu d’un climat déjà électrique. Le parti dénonce une exclusion systématique de certaines catégories de la population, qu’il s’agisse de partis politiques ou de candidats. En l’absence de réformes démocratiques substantielles, les accusations de fraude et de manipulation des résultats risquent de ternir un processus électoral censé être transparent et représentatif.

L’attaque porte également sur le travail du Conseil Constitutionnel et de l’Autorité Nationale des Élections (ANE), jugés inefficaces face aux nombreux défis d’organisation. La révision controversée de la liste électorale alimente un sentiment de défiance généralisée parmi les Centrafricains, fragilisant ainsi la crédibilité du processus démocratique. La question est légitime : un pays aussi déstabilisé, aux institutions si fragiles, peut-il réellement garantir des élections libres et équitables ?

Un climat social en pleine déliquescence

Les préoccupations du KNK ne se limitent pas aux seuls enjeux politiques. Le parti alerte sur un quotidien de plus en plus difficile pour les Centrafricains. Le peuple endure une crise sociale et économique sans précédent, avec des pénuries d’eau et d’électricité, une inflation qui grève le budget des ménages et un système de santé au bord de l’asphyxie. Ce contexte, marqué par la hausse des prix des biens de première nécessité et des carburants, génère une frustration croissante. L’inefficacité du gouvernement dans la gestion de ces crises économiques ne fait qu’aggraver la situation, exposant un sentiment de mécontentement général parmi la population.

Dans ce cadre, les retards de paiements des pensions et des salaires des fonctionnaires ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu, exacerbant la fracture sociale et alimentant les frustrations populaires. Ces problèmes ne peuvent être ignorés : ils constituent un terreau fertile pour l’instabilité, qui pourrait déstabiliser encore davantage un pays déjà fragile.

Le KNK n’hésite pas à rappeler que la situation sécuritaire en République centrafricaine reste précaire, malgré neuf ans de gouvernance par le Mouvement Cœurs Unis (MCU). Les accords de paix signés n’ont pas permis de restaurer un climat de sécurité durable. Les Centrafricains vivent toujours sous la menace constante de groupes armés, avec des civils pris en otages par des milices qui contrôlent des pans entiers du pays. Mais la situation s’aggrave encore davantage avec l’implication de forces étrangères, comme les mercenaires rwandais ou le groupe Wagner, accusés de violences contre la population. En l’absence d’une réponse ferme et coordonnée face à ces menaces, la paix semble toujours hors de portée.

Dans ce contexte de crise multiforme, le KNK lance un appel à la responsabilité des dirigeants centrafricains et des partenaires internationaux. Le gouvernement, en particulier, doit prendre ses responsabilités et ouvrir la voie à un dialogue inclusif, afin de réconcilier les différentes composantes de la société. Sans cet effort de réconciliation, les élections risquent de se transformer en un simple exercice de légitimation d’un pouvoir déjà fragilisé, plutôt qu’en un véritable renouvellement démocratique.

Les partenaires internationaux, eux, doivent éviter de se laisser instrumentaliser par un pouvoir qui utilise la crise pour affirmer son autorité, et doivent œuvrer à la stabilisation du pays tout en respectant les aspirations légitimes de la population. Le soutien à la stabilité doit se traduire par des actions concrètes, non par une complicité silencieuse face à des dérives politiques et sécuritaires.

La République centrafricaine se trouve à un tournant de son histoire. Le KNK, en alertant sur ces dérives, espère catalyser un sursaut citoyen qui permette de préserver la paix et la démocratie, en évitant de sombrer davantage dans l’instabilité. Mais cela nécessitera une véritable volonté politique de la part de tous les acteurs nationaux et internationaux.

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