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Chaque année, les chrétiens du monde entier entrent dans une période de recueillement et de renouveau spirituel : le Carême. Cette période de quarante jours, qui précède la fête de Pâques, est un moment privilégiée pour approfondir sa foi, pratiquer le jeûne et renforcer son engagement envers les plus démunis.

Dans une interview exclusive, le Père Arnaud Xavier Fagba, curé de la paroisse Saint Jacques de Kpetene dans le 6e arrondissement de Bangui, nous éclaire sur le sens profond de cette période liturgique et son importance pour les fidèles.

Le Carême est une tradition qui remonte aux premiers siècles du christianisme. Il s’inspire des quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le désert, relatés dans les évangiles synoptiques : « Le Carême est avant tout un temps de conversion, où chaque chrétien est appelé à se détourner du péché et à se rapprocher de Dieu. Ce n’est pas seulement une question de privation alimentaire, mais une véritable démarche intérieure », explique le Père Fagba.

Il ajoute : « La prière, le jeûne et l’aumône sont les trois piliers qui nous guident sur ce chemin. Ils permettent de purifier notre âme, de discipliner notre corps et d’ouvrir notre cœur aux autres. »

La prière : un dialogue renouvelé avec Dieu

Pendant le Carême, la prière prend une place centrale dans la vie des fidèles. Elle est un moment de dialogue intime avec Dieu, une occasion de méditer sur sa parole et de renforcer sa foi.

« La prière n’est pas un simple rituel, elle est le souffle de l’âme. Sans elle, notre foi s’affaiblit, pendant le Carême, nous devons intensifier notre vie de prière, que ce soit par la méditation des Évangiles, la récitation du chapelet ou encore l’adoration eucharistique. » Insiste le curé de Kpetene.

Il invite également les fidèles à participer plus activement aux offices religieux, notamment aux messes du dimanche et aux chemins de croix, qui rappellent la Passion du Christ.

Le jeûne est l’une des pratiques les plus visibles du Carême. Dans la tradition catholique, il consiste à ne prendre qu’un seul repas complet par jour, tout en pouvant manger légèrement le matin et le soir. L’abstinence de viande, quant à elle, est obligatoire les vendredis.

Mais pour le Père Fagba, le jeûne ne se limite pas à une restriction alimentaire : « Jeûner, c’est apprendre à se détacher du superflu pour mieux se recentrer sur l’essentiel. C’est aussi une manière de se solidariser avec ceux qui souffrent de la faim. »

Il encourage les fidèles à aller plus loin en renonçant aux excès du quotidien : « On peut jeûner de la télévision, des réseaux sociaux, des paroles inutiles ou encore des jugements hâtifs. Tout ce qui nous éloigne de Dieu peut devenir un objet de renoncement. »

L’aumône : un appel à la charité et à la solidarité

Le Carême est aussi un temps de partage et de générosité. L’aumône, qui consiste à venir en aide aux plus démunis, est un moyen concret de manifester son amour du prochain : « L’amour de Dieu se traduit par des actes. Si notre foi ne nous pousse pas à aider ceux qui sont dans le besoin, alors elle est stérile », affirme le Père Fagba.

Il invite ainsi les fidèles à poser des gestes concrets : Offrir du temps aux personnes seules ou malades, soutenir les œuvres caritatives, donné aux associations qui viennent en aide aux plus pauvres, prendre soin de sa famille et de ses proches : « Un Carême vécu dans la charité transforme notre regard sur le monde. Il nous apprend à voir en chaque personne un frère ou une sœur », conclut-il.

Le Carême, une montée vers Pâques

Le Carême culmine avec la Semaine Sainte, qui commence avec le Dimanche des Rameaux et se termine par la Résurrection du Christ : « Cette période est une montée vers Pâques. Chaque effort que nous faisons pendant ces quarante jours nous prépare à vivre pleinement la joie de la Résurrection. C’est pourquoi il est important de vivre le Carême avec sincérité et engagement », rappelle le Père Fagba.

En définitive, le Carême n’est pas une période de tristesse, mais un temps de renouveau spirituel. Un temps où chacun est invité à se recentrer sur Dieu, à purifier son cœur et à se mettre au service des autres. Comme le dit si bien le Père Arnaud Xavier Fagba : « Le Carême est un voyage intérieur qui nous conduit à la lumière de Pâques. Vécu avec foi et amour, il devient une source de grâce et de transformation. »

Qui est  l’abbé Arnauld-Xavier Fagba : Un artisan de la liturgie et de la foi

L’abbé Arnauld-Xavier Fagba est une figure engagée du clergé centrafricain, portant un regard profond sur la place de la liturgie dans la vie de l’Église. Prêtre de l’Archidiocèse de Bangui (République Centrafricaine), il est actuellement curé de la paroisse Saint-Jacques de Kpetene. Son engagement ne se limite pas à la pastorale paroissiale : il occupe également des responsabilités au sein du Conseil épiscopal national, en tant que secrétaire chargé du culte divin et de la discipline des sacrements.

Passionné par la liturgie et soucieux de sa juste compréhension, l’abbé Fagba a poursuivi ses études à l’Université Saint-Anselme de Rome, où il a obtenu un master canonique en sciences liturgiques. Cette formation de haut niveau lui permet aujourd’hui d’enseigner la liturgie au Grand Séminaire Saint-Marc de Bangui Bimbo, où il forme de futurs prêtres à la richesse des rites et à leur importance dans la vie spirituelle des fidèles.

Un auteur et pédagogue au service de l’Église

Fort de son expérience pastorale et académique, l’abbé Arnauld-Xavier Fagba s’est lancé dans l’écriture pour offrir un manuel de formation permanente destiné aux prêtres, religieux, religieuses et laïcs. Son ouvrage, Le rendez-vous liturgique, publié aux éditions Le Harmattan, répond à une problématique récurrente : la participation des fidèles aux célébrations sans toujours en comprendre le sens profond. Il y plaide pour une liturgie vivante et comprise, ancrée dans la foi et la tradition, mais également adaptée aux réalités contemporaines.

Dans un pays marqué par des défis socio-politiques et religieux, l’abbé Fagba incarne une Église soucieuse d’approfondir la foi et de renforcer l’unité des croyants. À travers son ministère, son enseignement et ses écrits, il s’attache à réconcilier les fidèles avec le sens profond des rites sacrés, convaincu que la liturgie est un chemin privilégié vers Dieu et un moteur de transformation spirituelle et sociale.

Un message d’espérance et de formation

Loin d’être une simple théorie, son engagement en faveur de la liturgie est un appel à la redécouverte des mystères chrétiens, une invitation à vivre pleinement la foi à travers une participation consciente et éclairée aux célébrations eucharistiques. Avec Le rendez-vous liturgique, il apporte une contribution essentielle à la formation des acteurs de l’Église et au renforcement de la vie liturgique dans la région.

L’abbé Arnauld-Xavier Fagba, à travers son ministère et son œuvre, se positionne ainsi comme un artisan de la foi, un passeur de sens, et un pédagogue de la liturgie, œuvrant inlassablement pour une Église plus éclairée et plus engagée.

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