
À quelques jours de la manifestation annoncée par le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), le climat politique en République centrafricaine s’échauffe. Tandis que l’opposition entend contester la gouvernance du Président Faustin-Archange Touadéra, les soutiens du pouvoir dénoncent une tentative de déstabilisation.
Le BRDC, principal regroupement de l’opposition, a annoncé une marche pacifique le 4 avril 2025 pour dénoncer la concentration du pouvoir et les difficultés socio-économiques que traverse le pays. Parmi ses revendications figurent l’opposition à un éventuel troisième mandat de Touadéra et la dénonciation des pénuries d’eau et d’électricité qui affectent de nombreux foyers centrafricains.
Mais cette initiative est vivement critiquée par le camp présidentiel. Lors d’une conférence de presse ce lundi 24 mars 25, Euloge Doctrouvé KOÏ, leader de la Synergie Centrafricaine, a fustigé cette mobilisation, y voyant une remise en cause du référendum constitutionnel de juillet 2023, qui avait entériné la 7ᵉ République avec 95 % de votes favorables : « Ceux qui ont été rejetés par les urnes veulent aujourd’hui semer le trouble. Nous ne laisserons pas ces fauteurs de troubles bafouer la volonté populaire, » a-t-il déclaré, appelant les autorités à empêcher toute tentative de déstabilisation.
Le pouvoir met en garde l’opposition
La riposte contre le BRDC ne s’est pas arrêtée là. Blaise Didacien Kossimatchi, coordonnateur de la Galaxie Panafricaine, a lui aussi dénoncé une marche qu’il qualifie de « manœuvre politicienne ». Lors d’une prise de parole musclée, il a accusé plusieurs figures de l’opposition, notamment Martin Ziguélé, Nicolas Tiangaye, Anicet-Georges Dologuélé et Mahamat Kamoun, d’être à l’origine de cette tentative de mobilisation : « Nous savons que ces opposants cherchent à semer le chaos en manipulant la population. Mais les Centrafricains ne tomberont pas dans ce piège. Ils ont déjà tourné la page de l’instabilité, » a-t-il affirmé.
Dans la foulée, Kossimatchi a lancé un appel à la mobilisation des partisans du régime pour une contre-manifestation et des veillées citoyennes dès la nuit du 3 au 4 avril.
Si le BRDC assure que sa marche respectera le cadre légal, le pouvoir central n’a pas encore statué sur son autorisation. La tension reste palpable, notamment dans la capitale Bangui, où des mesures de sécurité pourraient être renforcées pour éviter tout débordement.
Certains observateurs estiment que cette montée des tensions reflète un climat pré-électoral tendu, alors que la question d’un éventuel troisième mandat du Président Touadéra alimente le débat politique. L’opposition, marginalisée depuis le référendum de 2023, cherche à retrouver une dynamique, tandis que le pouvoir entend verrouiller toute contestation.
Si la manifestation du 4 avril est maintenue, elle pourrait être un véritable test de la résilience démocratique en Centrafrique. Entre pressions politiques et risque d’affrontements, les prochains jours s’annoncent déterminants pour l’évolution de la situation.