
Alors que le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame se sont retrouvés ce mardi à Doha sous l’égide du Qatar pour tenter de relancer les efforts de pacification dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), la réunion prévue à Luanda entre le gouvernement congolais et le Mouvement du 23 mars (M23) a été annulée à la dernière minute.
À Doha, l’Émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a réuni Félix Tshisekedi et Paul Kagame pour tenter de désamorcer la crise entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir les rebelles du M23, une accusation que Kigali réfute. Cette rencontre a marqué une rare occasion de dialoguer direct entre les deux chefs d’État, dans un contexte de méfiance extrême.
Les discussions ont porté sur la mise en œuvre des processus de paix de Luanda et de Nairobi, avec un engagement réaffirmé en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et du respect des accords régionaux : « La paix dans l’Est de la RDC est une priorité régionale. Nous remercions le Qatar pour son engagement dans ce processus », a déclaré Félix Tshisekedi à l’issue de la rencontre. De son côté, Paul Kagame a insisté sur la nécessité de « solutions politiques inclusives » pour stabiliser la région.
Dans une déclaration conjointe, les trois parties ont souligné les progrès réalisés dans le cadre des initiatives de paix de Luanda et Nairobi, ainsi que lors du sommet conjoint EAC-SADC du 8 février 2025 à Dar es-Salaam. Les chefs d’État ont convenu de poursuivre les discussions à Doha afin de poser les bases d’une paix durable et de mieux aligner les efforts des différentes médiations en cours.
À l’issue de cette rencontre, Paul Kagame et Félix Tshisekedi ont exprimé leur reconnaissance envers Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani pour son hospitalité et son engagement à faciliter le dialogue. Cette réunion trilatérale a été saluée comme un pas important vers une stabilisation régionale, bien que son impact concret reste encore à mesurer.
Annulation du dialogue entre Kinshasa et le M23 à Luanda
Prévue le même jour dans la capitale angolaise, la rencontre entre le gouvernement congolais et le M23, sous la médiation de l’Angola, a été annulée pour des « raisons de force majeure », selon un communiqué du ministère angolais des Relations extérieures. Aucune explication détaillée n’a été fournie, mais plusieurs hypothèses circulent :
Un désaccord sur l’ordre du jour, Kinshasa exigeant un retrait total du M23 des zones occupées avant toute discussion, des pressions diplomatiques régionales et internationales en raison des tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda et une intensification des combats dans le Nord-Kivu, rendant difficile l’instauration d’un climat de confiance.
Avec une situation militaire qui se détériore dans l’Est de la RDC et des négociations incertaines, la question reste entière : la diplomatie peut-elle encore l’emporter sur la logique des armes ?