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La préfecture de la Basse Kotto, située au sud-est de la République centrafricaine, traverse une crise économique inquiétante : la population, en manque de franc CFA, utilise désormais le franc congolais pour ses transactions quotidiennes. Cette situation, dénoncée par le Cardinal Dieudonné Nzapalainga et l’évêque d’Alindao, Mgr Cyr Nestor Yapopa, met en lumière un abandon progressif de cette région par les autorités centrales.

Selon les témoignages recueillis sur place, le franc CFA est devenu pratiquement introuvable dans les marchés et les commerces de la région. À la place, les habitants recourent au franc congolais, importé clandestinement de la République Démocratique du Congo voisine. Cependant, même cette alternative devient rare, obligeant la population à recourir au troc pour subvenir à ses besoins.

« Le franc CFA n’existe plus ici. Nous sommes obligés d’utiliser le franc congolais, mais même cela devient difficile. Beaucoup échangent directement leurs biens contre d’autres produits », explique un commerçant du marché d’Alindao.

Les conséquences de cette pénurie monétaire sont dramatiques. L’économie locale est paralysée, les commerçants peinent à se fournir en marchandises, et le coût de la vie ne cesse d’augmenter.

Deux principaux facteurs expliquent cette situation préoccupante :

Un Isolement Croissant, la Basse Kotto souffre d’un enclavement sévère. Les routes en mauvais état rendent le transport des marchandises difficile et dissuadent les commerçants d’acheminer du cash en franc CFA. En l’absence d’un circuit monétaire efficace, la population est livrée à elle-même.

L’absence de services financiers

Aucun bureau de change ni institution bancaire ne permet aux habitants de se procurer légalement la monnaie nationale. Les rares commerçants qui disposent encore de francs CFA préfèrent les conserver, aggravant encore plus la crise de liquidités.

Face à cette situation alarmante, le Cardinal Dieudonné Nzapalainga et Mgr Cyr Nestor Yapopa ont pris la parole pour interpeller les autorités : « L’abandon de cette région par l’État met en péril son avenir. Sans intervention rapide, la pauvreté va s’intensifier et la population sera encore plus vulnérable », a déclaré le Cardinal Nzapalainga à son retour d’une mission pastorale dans la région.

Mgr Yapopa, de son côté, appelle à des mesures concrètes : « Il est impératif que l’État ouvre un bureau d’échange dans la région pour rendre disponible le franc CFA. Cette pénurie monétaire représente une perte énorme pour l’économie du pays. »

Au-delà des difficultés économiques, cette crise monétaire risque d’alimenter une instabilité plus large. L’absence de l’État dans certaines régions du pays ouvre la porte à des influences extérieures et à une dépendance accrue vis-à-vis des pays voisins. Si aucune action n’est entreprise, la situation pourrait s’aggraver, entraînant une perte de contrôle progressive du gouvernement sur certaines zones reculées du pays.

Quelle  solution face à cette situation ?

Pour remédier à cette crise, plusieurs solutions doivent être envisagées rapidement : la réouverture des bureaux de change et des services bancaires dans la région pour garantir l’accès à la monnaie nationale, améliorer des infrastructures routières afin de faciliter la circulation des marchandises et des fonds.

Renforcer de la présence administrative et sécuritaire pour éviter que d’autres devises étrangères ne prennent le pas sur le franc CFA. La balle est désormais dans le camp des autorités centrafricaines. Réagiront-elles à cet appel urgent, ou laisseront-elles la Basse Kotto sombrer davantage dans l’oubli ?

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