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Ce samedi, le petit village de Bouboui, à 45 km de Bangui, s’est transformé en centre d’intérêt national. Sous un soleil de plomb, élèves en uniformes impeccables, enseignants, autorités et partenaires internationaux se sont réunis autour d’un événement clé : la 10 Journée Africaine de l’Alimentation Scolaire (JAAS).

Cette année, un invité de marque a donné une ampleur particulière à la célébration : le Président Faustin-Archange Touadéra lui-même, venu réaffirmer un engagement fort en faveur des repas scolaires. Dans un pays où près de 40 % des enfants souffrent de malnutrition chronique, le simple fait de garantir un repas quotidien à l’école peut faire toute la différence.

« Un enfant qui mange à l’école, c’est un enfant qui apprend mieux, qui reste scolarisé et qui peut espérer un avenir meilleur », a déclaré le Président Touadéra, sous les applaudissements de la foule.

Derrière cette phrase, une réalité criante : en Centrafrique, de nombreuses familles peinent à assurer trois repas par jour. Pour beaucoup d’enfants, le repas scolaire est parfois le seul qu’ils recevront dans la journée.

« Un programme en plein essor, mais encore fragile »

Grâce à l’appui du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et d’autres partenaires, des milliers d’écoliers centrafricains bénéficient aujourd’hui de repas scolaires. Mais le défi reste immense. Si certaines écoles reçoivent régulièrement des rations de riz, de haricots et d’huile enrichie, d’autres peinent encore à être approvisionnées. En cause ? Le manque de financement, l’insécurité dans certaines zones et des infrastructures encore insuffisantes.

Le gouvernement veut aller plus loin. Son ambition ? Rendre ce programme 100 % local, en s’appuyant sur les agriculteurs centrafricains pour approvisionner les cantines. Une solution qui permettrait non seulement de nourrir les élèves, mais aussi de stimuler l’économie rurale.

« Investir dans l’alimentation scolaire, c’est investir dans notre jeunesse, mais aussi dans nos producteurs locaux », a insisté le ministre d’Etat à l’Éducation Nationale Aurélien Simplice Zingas, présent à l’événement.

Malgré les belles intentions, plusieurs obstacles freinent encore l’expansion de l’alimentation scolaire en Centrafrique : Manque de financement pérenne, car la dépendance aux aides internationales reste un problème majeur, un accès difficile aux zones reculées ou certaines régions, notamment celles touchées par l’insécurité, reçoivent peu ou pas d’approvisionnement, besoin de formations pour les cuisiniers et les gestionnaires des cantines pour garantir une alimentation équilibrée et adaptée aux besoins nutritionnels des enfants.

« Vers un modèle durable ? »

Face à ces défis, le gouvernement centrafricain mise sur une stratégie à long terme : il envisage de renforcer la production locale pour limiter la dépendance aux importations, élargir le programme à toutes les écoles du pays, y compris en zone rurale, encourager le secteur privé à investir dans l’alimentation scolaire.

L’ambition est claire : faire de l’alimentation scolaire un droit fondamental et non plus une faveur ponctuelle.

En clôturant la cérémonie, le Président Touadéra a martelé un message sans équivoque : « L’éducation est notre avenir. Assurer un repas quotidien à chaque écolier, c’est bâtir une Centrafrique plus forte, plus instruite et plus prospère. »

Des mots qui résonnent alors que le pays continue de se reconstruire après des années de crises. Reste à voir si, derrière les discours, les engagements seront tenus sur le terrain.

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