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Depuis plus de trois semaines, la ville de Goma est sous le contrôle du Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Alors que les tensions s’intensifient, une centaine de manifestants ont organisé, ce lundi 17 février 2025, un sit-in devant les bases de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO). Leur principale revendication : le départ immédiat des forces onusiennes et des autres contingents internationaux présents dans la ville.

Les manifestants, en majorité des jeunes proches du M23, ont brandi des banderoles et scandé des slogans exigeant la fin de la présence de la MONUSCO : « Nous exigeons le départ des forces étrangères de la RDC », pouvait-on lire sur plusieurs pancartes.

Un des manifestants a exprimé ses craintes concernant la présence des militaires congolais et de leurs alliés Wazalendo, qui se seraient réfugiés dans les sites de la MONUSCO : « Ces soldats pourraient récupérer les armes stockées dans les dépôts de la mission onusienne et relancer les combats en ville. Cela représente un danger pour nous. Ils ne sont pas des civils, ils doivent quitter immédiatement ces installations. »

À l’aéroport international de Goma, une mobilisation similaire a eu lieu. Un autre manifestant, déterminé à poursuivre le mouvement jusqu’à satisfaction de leurs revendications, a déclaré : « Si la MONUSCO ne répond pas à notre demande, nous resterons ici. C’est la population qui est en danger, pas eux. »

Depuis la prise de Goma par le M23 en janvier 2025, la situation sécuritaire dans la ville reste tendue. Selon plusieurs sources, des centaines de soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés Wazalendo se trouvent actuellement retranchés dans les bases de la MONUSCO.

Leur présence est source de préoccupations, car elle pourrait entraîner une escalade des hostilités. La population locale craint que ces militaires ne tentent une contre-offensive, déclenchant de nouveaux affrontements armés dans la ville déjà meurtrie par les conflits.

« Des relations tendues entre la MONUSCO et le M23 »

Les relations entre la MONUSCO et le M23 sont particulièrement tendues depuis la prise de Goma. Alors que la mission onusienne est censée jouer un rôle de stabilisation, elle est perçue par une partie de la population et par le M23 comme un facteur de blocage.

Le M23 accuse la MONUSCO d’avoir facilité la fuite des militaires FARDC en leur offrant un refuge, tandis que les autorités congolaises dénoncent le fait que le M23 puisse circuler librement dans une ville où la MONUSCO est encore présente.

Ce n’est pas la première fois que la mission de l’ONU est confrontée à l’hostilité des habitants. Ces dernières années, plusieurs manifestations ont dénoncé son inefficacité face aux violences qui ravagent l’est de la RDC.

La capture de Goma par le M23 a renforcé les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé d’appuyer les rebelles en leur fournissant hommes et matériel. Selon des rapports d’organisations internationales, environ 4 000 soldats rwandais auraient appuyé l’offensive du M23, permettant au groupe de consolider ses positions non seulement à Goma mais aussi à Bukavu, autre grande ville stratégique de l’est du pays.

Ce conflit s’inscrit dans un contexte plus large, où plus d’une centaine de groupes armés s’affrontent pour le contrôle des ressources minières, notamment l’or, le coltan et le cobalt. L’est de la RDC, riche en minerais stratégiques, est devenu le théâtre d’une guerre où se mêlent intérêts économiques, politiques et ethniques.

« Vers une nouvelle crise humanitaire ? »

Les combats ont provoqué un déplacement massif de la population. Selon les organisations humanitaires, plus de 6 millions de personnes ont été déplacées en raison des violences en RDC, faisant de cette crise l’une des pires au monde.

À Goma, la vie quotidienne est bouleversée : Les écoles et les universités fonctionnent au ralenti, beaucoup ayant été fermées ou réquisitionnées. L’approvisionnement en denrées alimentaires devient de plus en plus difficile, avec une inflation galopante sur les produits de première nécessité.

Les hôpitaux sont débordés, notamment par l’afflux de blessés et de malades dans un contexte de rupture de médicaments. Face à cette situation, les appels à un dialogue entre les différentes parties se multiplient. Cependant, tant que la question du M23 et du soutien rwandais ne sera pas abordée de manière franche, une solution durable au conflit dans l’est du Congo restera hors de portée.

Alors que les manifestations se poursuivent, la question de l’avenir de la MONUSCO en RDC est plus que jamais posée. Depuis plusieurs années, le gouvernement congolais et une grande partie de la population réclament son départ, jugeant qu’elle n’a pas rempli sa mission de protection des civils et de stabilisation du pays.

Avec la montée en puissance du M23 et la tension grandissante entre la MONUSCO et les autorités locales, la mission onusienne pourrait se retrouver contrainte de revoir son positionnement, voire de quitter définitivement certaines zones sous pression.

En attendant, Goma reste suspendue à un fil, entre l’occupation du M23, la contestation de la MONUSCO et la peur d’un nouvel embrasement militaire.

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