
À moins de dix mois des élections présidentielles en République Centrafricaine, la question qui se pose désormais est : qui, parmi les opposants, pourra réellement affronter Faustin-Archange Touadéra en décembre prochain ? En effet, l’horizon politique semble de plus en plus obstrué par des critères d’éligibilité définis par la Constitution de 2023, qui pourrait priver une grande partie des figures de l’opposition de la possibilité de se présenter.
Au centre du débat se trouve la question de la double nationalité. La plupart des leaders de l’opposition, comme beaucoup d’autres membres influents du pays, possèdent une nationalité étrangère. Que ce soit américain, canadienne, ou française, ces multiples nationalités risquent d’être un obstacle majeur à leurs ambitions présidentielles. Dans ce contexte, une question se pose : si ces individus sont véritablement patriotes, pourquoi ne pas renoncer à cette double nationalité pour défendre le seul pays qui les a vus naître ?
L’histoire, qui semble se répéter sans cesse en République Centrafricaine, a montré par le passé que les différends électoraux étaient souvent le terreau de manipulations politiques et d’humiliations. L’exemple du régime de François Bozizé en 2005 en est un témoignage. À cette époque, les calculs électoraux ont aisément pris le pas sur les principes démocratiques.
Il n’est pas surprenant, en effet, que plusieurs candidats recalés pour des raisons purement politiques aient été réintégrés sous la pression de puissances extérieures. C’est grâce au feu président Omar BONGO qu’un nombre de ces candidats ont été repêchés pour participer à la compétition électorale de 2025, après avoir été écartés par Bozizé.
Une sorte d’injonction, venant de l’extérieur, a donc contraint Bozizé à accepter des adversaires qu’il aurait voulu écarter. Les institutions chargées de superviser les élections ont alors été utilisées comme instruments politiques pour régler des comptes avec ses opposants. Tout, porte à croire que l’actuel président ne semble pas vouloir se laisser piéger par cette dynamique.
Plutôt que de s’affronter aux visages familiers des élections de 2016 et 2020, il semble jouer la carte de la continuité en évitant des concurrents qu’il considère peut-être comme des « poids morts » politiques. Et même si des voix s’élèvent au sein de l’opposition, c’est un fait : la Constitution de 2023 laisse peu de place à l’exception.
L’opposition, en effet, se trouve dans une position de faiblesse, et ses leaders devront nécessairement revoir leur stratégie pour se présenter aux prochaines élections. Nombre d’entre eux risquent de se retrouver dans l’incapacité de concourir, à moins qu’ils ne s’adaptent aux critères imposés par la nouvelle Constitution, notamment en ce qui concerne la question de la nationalité. Renoncer à une deuxième nationalité, si précieuse pour certains, semble désormais incontournable.
Par ailleurs, la question des Centrafricains d’origine étrangère pourrait également compliquer la situation. Ceux-ci pourraient être considérés comme inéligibles en vertu des critères définis par la Constitution de 2023, ajoutant ainsi un obstacle supplémentaire pour certains leaders de l’opposition.
À ce rythme, qui sera donc l’adversaire de Touadéra lors de la prochaine élection ? Qui pourra suivre les traces du leader de PDCI en Côte d’ivoire pour affronter TOUADERA en décembre prochain ?
Peut-être que, comme par le passé, il pourrait manipuler l’opposition pour créer de faux candidats et ainsi affaiblir encore davantage ses adversaires. L’opposition, si elle ne se rassemble pas et ne désigne pas un candidat unique, risque de se retrouver sur le banc de touche à applaudir l’heureux vainqueur.
Touadéra, fort de son expérience et des leçons apprises de son mentor Bozizé, ne se laissera probablement pas surprendre par des rivalités internes ou des pressions extérieures. À l’instar de Bozizé, il semble bien déterminé à ne pas accepter l’humiliation, préférant garder les rênes du pouvoir.
Dès lors, une question demeure : l’opposition saura-t-elle trouver la force de s’unir et d’offrir une véritable alternative à Touadéra ? Ou bien sera-t-elle condamnée à jouer un rôle secondaire dans un jeu politique où elle n’aura d’autre choix que de se soumettre au résultat ?
Les mois à venir seront décisifs pour déterminer si le pays parviendra à traverser ce moment de fragilité politique, ou si, comme trop souvent dans son histoire, il tombera dans les mêmes travers d’une politique dominée par les calculs personnels et les intérêts partisans.