0 5 minutes 2 mois

Deux nouveaux juges, Pamphile Oradimo, magistrat centrafricain, et Stéphane Schlotter, juge allemand, ont prêté serment ce mardi 4 février lors d’une cérémonie solennelle à la Cour de Cassation de Bangui. Leur nomination à la Cour Pénale Spéciale (CPS) avait été officialisée par décret présidentiel en juin dernier.

La cérémonie s’est déroulée en présence du Président de la République, le Professeur Faustin Archange Touadéra, du Président de l’Assemblée nationale, du Premier ministre, du ministre d’État chargé de la Justice, ainsi que de plusieurs magistrats, diplomates et partenaires internationaux.

Lors de son discours, le Chef de l’État a souligné l’importance du travail de la justice pour que les crimes graves commis en République centrafricaine ne restent pas impunis. Il a insisté sur le rôle essentiel de la CPS dans la consolidation de l’État de droit et la lutte contre l’impunité, un défi majeur dans un pays marqué par des décennies de conflits.

Le juge Pamphile Oradimo a été affecté à la Chambre d’instruction, tandis que le juge Stéphane Schlotter rejoint la Chambre d’accusation spéciale. Leur mission consistera à traiter des affaires relevant des compétences de la CPS, qui se concentre sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et d’autres violations graves des droits de l’homme commises sur le territoire centrafricain.

Dans leurs déclarations, les deux magistrats ont exprimé leur détermination à mener à bien cette mission avec rigueur et impartialité : « La justice ne peut être effective que si elle est crédible et indépendante. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les auteurs de crimes répondent de leurs actes », a déclaré le juge Schlotter.

« Une attente forte de la société civile et des victimes »

Du côté de la société civile et des organisations de défense des droits des victimes, l’installation de ces nouveaux juges est perçue comme une avancée positive, mais des attentes fortes demeurent.

Envodie Francine Ndemade, présidente de l’Organisation des femmes victimes des crises en Centrafrique, a exhorté la CPS à ne pas se limiter aux exécutants des crimes, mais à s’attaquer également aux responsables politiques et aux chefs de groupes armés : « Nous voulons une justice équitable qui ne protège personne, y compris ceux qui occupent des postes de pouvoir », a-t-elle déclaré.

La nomination de ces deux juges s’inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement centrafricain et de ses partenaires internationaux pour renforcer l’appareil judiciaire et mettre fin à l’impunité. La CPS, créée en 2015, est une juridiction hybride composée de magistrats centrafricains et internationaux. Elle vise à compléter le travail de la justice nationale et de la Cour pénale internationale (CPI), en se concentrant sur les crimes les plus graves commis en Centrafrique.

Toutefois, malgré cette avancée, plusieurs défis restent à relever : le manque de moyens, la pression politique et sécuritaire, ainsi que la nécessité d’une réelle coopération des autorités pour l’arrestation et le jugement des suspects. La réussite de la CPS dépendra donc de la volonté politique et du soutien de la communauté internationale.

L’installation de ces nouveaux juges représente un espoir pour les victimes et une nouvelle étape dans la quête de justice en République centrafricaine. Reste à voir si cette dynamique se traduira par des procès équitables et des condamnations effectives dans un pays où l’impunité a longtemps régné.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *