
Un dialogue communautaire réunissant des acteurs du secteur agro-pastoral ainsi que des membres de la société civile sur les impacts du changement climatique et les conditions de travail des communautés locales s’est tenu ce samedi 25 janvier 2025 à Boali, dans la préfecture de l’Ombella-M’Poko. Cet atelier avait pour objectif de renforcer les échanges sur les enjeux liés au changement climatique et à l’amélioration des conditions de vie des populations locales.
L’intérêt de cet atelier résidait dans la mise en relation des éleveurs et des agriculteurs afin de mieux comprendre les difficultés auxquelles ils sont confrontés face à la problématique du changement climatique. À travers ce panel, les agriculteurs ont souligné que les effets dévastateurs du changement climatique ont non seulement impacté leurs activités, mais ont également transformé leurs modes de vie.
En 2024, Josiaz Koro, maraîcher à Boali, a perdu 12 hectares de pastèques en raison de la rareté des pluies : « Rien que pour cette année 2024, j’ai perdu plus de 12 hectares de pastèques, et plusieurs de mes investissements comme les tomates et les concombres sont partis en fumée. Nous ne savons plus à quel moment planter ni quand récolter. Avant, on savait qu’il y avait deux saisons : une saison sèche et une saison pluvieuse. Mais maintenant, il ne pleut plus à des intervalles réguliers, parfois même il pleut pendant la saison sèche, et inversement. »
Cette rareté des pluies a également entraîné le déplacement massif des éleveurs, parfois très loin, à la recherche de pâturages pour leurs bétails. Cela est souvent à l’origine de tensions communautaires, comme l’a expliqué Ahmadou Moussa, l’un des éleveurs présents : « Autrefois, nous disposions de pâturages suffisants pour nourrir nos bêtes. Mais ces derniers temps, avec la rareté des pluies, nous sommes obligés d’aller loin dans la brousse. Et avec l’insécurité, il est difficile de trouver de bons pâturages pour nos bœufs. Quand les animaux ont faim, ils vont brouter dans les champs des agriculteurs, et c’est là que commencent les tensions entre nos frères et nous. »
Lors de cet événement, le cabinet « Colibri Multi Services (COMUS) », une organisation œuvrant dans le domaine des conseils et de l’appui aux parties prenantes au développement humanitaire et aux médias, a exprimé son souhait d’impulser une nouvelle dynamique. Il souhaite inciter les professionnels des médias à s’intéresser davantage aux questions environnementales pour sensibiliser les populations locales à l’urgence de la situation. Pascal Chirhalwirwa, directeur général de COMUS, a déclaré : « Il est question ici de vulgariser les œuvres journalistiques sur des sujets oubliés par le monde, un objectif poursuivi par COMUS en partenariat avec le Pulitzer Center. Notre appui va bien au-delà, car le changement climatique a engendré des conséquences notoires sur la vie des éleveurs et des agriculteurs, comme mentionné dans ce dialogue. C’est une question urgente qui nécessite des réactions immédiates et concertées. »
Pour l’ONG AMD, les problématiques soulevées lors de ce dialogue sont d’une importance capitale et méritent un plaidoyer de fond auprès des partenaires pour encourager des changements de comportement des communautés face au changement climatique. Aristide Rocard Maleyo, coordonnateur d’AMD, a souligné : « En choisissant la ville de Boali, nous savions que nous allions toucher au cœur des préoccupations des agriculteurs et des éleveurs. Vous avez entendu vous-mêmes leurs témoignages : le changement climatique a bouleversé leur vie. Certains éleveurs sont obligés de changer d’activité, tandis que d’autres peinent à tirer profit de leur travail. Même constat chez les agriculteurs. Ces problèmes méritent une attention particulière. Nous avons jeté les bases ; il appartient maintenant au gouvernement et à ses partenaires de mettre en place des politiques d’adaptation efficaces. Le changement climatique est une question urgente qui exige des réponses immédiates, sans quoi notre environnement risque de sombrer. »
Cette initiative, portée par l’ONG AMD, bénéficie d’un financement du Pulitzer Center dans le cadre du programme « Knowledge and Action Talks ». Ce dernier vise à sensibiliser le public aux défis émergents en s’appuyant sur des problématiques directement identifiées par les communautés concernées.