
Malgré les efforts affichés par l’exécutif pour conduire la République Centrafricaine sur la voie du développement, force est de constater que nous restons loin du but. Les causes sont multiples et les responsabilités partagées.
Le peuple centrafricain, qui avait pourtant fait preuve d’un courage inédit en dénonçant le joug de l’impérialisme, découvre aujourd’hui que le lien n’a fait que changer de main.
L’arrivée des Russes, auréolée de promesses de paix, a tenu en partie ses engagements : la menace de la CPC a été neutralisée, et des figures comme Bozizé, Darrassa ou Sidiki mises hors-jeu. Spassiba ! Mais après ces victoires, que reste-t-il ?
Où sont les BRICS ? Les infrastructures promises ? Les usines, les banques agricoles, l’électricité pour tous, les puits de pétrole ? Où est le plan de développement ambitieux qu’on nous avait présenté ?
Quelques avancées symboliques ont été notées, comme le retour de certains déplacés. Mais après des décennies de conflits, la jeunesse réclame des réponses et exige une inclusion dans la refondation nationale. Les nombreux gouvernements qui se sont succédé laissent derrière eux un bilan amer.
Avec un Président, un Premier ministre et un Président de l’Assemblée nationale issus du corps enseignant, l’éducation devrait être un pilier de notre développement. Pourtant, le secteur reste en déshérence. Les classes sont surchargées, les bancs manquent, et nos étudiants, loin d’être dans les meilleures conditions, peinent à envisager un avenir prometteur. Un campus unique pour toute la capitale, des amphithéâtres bondés, des formations incohérentes, et une absence d’écoles spécialisées digne de ce nom : comment espérer former une élite dans ces conditions ?
La stabilité semble revenir après les crises successives de la Seleka et de la CPC. Mais cette paix reste fragile, perturbée par des militaires mal rémunérés, des comportements inquiétants et une dépendance persistante envers les sociétés militaires privées. Le traumatisme des conflits reste vif dans les esprits, renforcé par l’arrogance de certains partenaires étrangers, et la méfiance envers une armée nationale jugée immature.
Sur la scène internationale, notre diplomatie peine à exister. L’embargo sur les armes continue de museler notre armée, et nos alliances stratégiques manquent de clarté. Pendant que nos voisins comme le Mali ou le Burkina Faso avancent avec des projets structurants, nous stagnons. Le tableau économique est alarmant : un déficit de 28 milliards de FCFA, des recettes fiscales limitées, et une dépendance accrue aux aides extérieures. Pourtant, avec 15 millions d’hectares de terres arables, notre pays pourrait s’imposer comme un acteur majeur de l’agriculture.
Le développement des infrastructures routières reste au point mort, freinant les échanges commerciaux et le dynamisme économique. À cela s’ajoute un système bancaire inaccessible, étouffant les porteurs de projets. Malgré des financements massifs, le secteur de la santé est en souffrance. Les hôpitaux publics sont dans un état lamentable, les coupures d’électricité au bloc opératoire coûtent des vies, et le manque de personnel qualifié aggrave la situation.
Les efforts des ONG et des institutions étatiques n’apportent que peu de résultats concrets, tandis que les populations continuent de subir les conséquences d’un système défaillant. La société centrafricaine traverse une crise morale profonde. La prostitution, les violences, et la dégradation des valeurs traditionnelles gangrènent le tissu social. Il est urgent de réfléchir à une ingénierie sociale adaptée, qui réintègre nos valeurs culturelles dans l’éducation et encourage une cohésion nationale.
« Un appel au dialogue inclusif »
Il est temps d’ouvrir un dialogue national véritablement inclusif. Nous proposons de lancer, dans les semaines à venir, une série d’articles consacrés à des thématiques clés : éducation, sécurité, diplomatie, économie, santé et protection sociale. Ces articles auront pour objectif de susciter un débat participatif impliquant dirigeants, société civile, partenaires internationaux et citoyens.
Ce combat n’est pas dirigé contre des individus, mais contre des idées figées et des systèmes obsolètes. Ensemble, nous pouvons construire une Centrafrique plus juste et plus prospère. Faisons honneur à notre devise. Le moment est venu de relever le défi, avec courage et détermination.