
La communauté estudiantine centrafricaine au Maroc a récemment été secouée par des accusations selon lesquelles elle aurait exprimé publiquement son soutien au président Faustin-Archange Touadéra pour un troisième mandat. Toutefois, des voix dissidentes au sein de la communauté étudiante ont rapidement réfuté ces allégations, qualifiant ces déclarations de fausses et manipulatrices.
Cette information a été largement relayée sur les réseaux sociaux, notamment par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Héritier Doneng, qui a affirmé que les étudiants, lors de la célébration de la journée des martyrs le 18 janvier dernier, auraient réclamé cette candidature pour le troisième mandat.
Les étudiants centrafricains vivant au Maroc se sont empressés de démentir les propos attribués à leur nom. Dans un communiqué de presse publié sur les réseaux sociaux, l’Union des Élèves, Étudiants et Stagiaires Centrafricains au Maroc (UESCM) a exprimé son étonnement face à cette fausse représentation de la réalité. Selon l’UESCM, l’événement du 18 janvier, qui célébrait la journée des martyrs, n’avait aucune connotation politique. L’UEESCM a précisé qu’aucune déclaration en faveur du président Touadéra n’avait été formulée lors de cette cérémonie.
Les étudiants affirment que des images virales diffusées sur les réseaux sociaux, montrant certains d’entre eux tenant une banderole prétendant soutenir Touadéra, ont été prises à leur insu : « Nous avons été piégés », déclarent-ils.
Selon des témoignages, ils n’étaient pas au courant des inscriptions sur la banderole et ont été photographiés sans comprendre l’utilisation qui en serait faite par la suite. Après cette prise de photo, la banderole aurait été immédiatement enroulée, et les étudiants se sont retrouvés au centre d’une controverse qu’ils désapprouvent totalement.
« Un piège politique »
L’un des étudiants, contacté par nos soins, a expliqué que beaucoup parmi eux sont apolitiques et ont été manipulés par des responsables politiques en quête de soutien pour leurs propres intérêts : « Cette mise en scène ne correspond pas à la volonté de la majorité des étudiants centrafricains ici », a-t-il souligné. Un autre a ajouté : « Les jeunes n’ont pas exprimé leur soutien à un troisième mandat de Touadéra. Nous avons été utilisés pour alimenter un discours politique qui ne nous concerne pas. »
Le ministre Héritier Doneng, cité dans les publications initiales, est accusé par certains étudiants de manipulation d’information à des fins politiques. Il est soupçonné d’avoir orchestré une campagne en faveur de Touadéra en utilisant des étudiants comme instruments pour propager ce message, sans leur consentement. Cette situation soulève des interrogations sur la manière dont l’information est parfois déformée pour servir des objectifs partisans, en particulier dans un contexte aussi délicat que celui de la politique centrafricaine.
Au-delà de cette polémique, l’incident met en lumière un autre aspect de la réalité politique centrafricaine : une grande partie de la jeunesse semble désillusionnée par le système politique actuel. De nombreux témoignages d’étudiants montrent un mécontentement général face à la gestion actuelle du pays, ainsi qu’une volonté de voir un changement profond dans le leadership politique. Les étudiants réclament un avenir plus démocratique et prospère pour la Centrafrique, loin des manœuvres politiques qui risquent de compromettre leurs aspirations.
Cet épisode souligne la nécessité de respecter la volonté de la jeunesse centrafricaine, qui ne souhaite pas être instrumentalisée pour des fins politiques. Il est primordial que le gouvernement et les responsables politiques prennent en compte la voix des jeunes dans le processus démocratique et qu’ils veillent à ne pas manipuler les sentiments et les opinions de cette génération. La Centrafrique doit, plus que jamais, se diriger vers une transition pacifique et démocratique, dans laquelle la jeunesse aura une place centrale, non pas comme spectatrice passive, mais comme actrice du changement.