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Le 18 janvier demeure une date symbolique et douloureuse dans l’histoire de la République centrafricaine. Ce jour, en 1979, la jeunesse centrafricaine s’est soulevée contre un décret impérial imposant le port obligatoire d’uniformes scolaires, une mesure du régime de Jean-Bedel Bokassa. Cette protestation, qui s’est transformée en répression sanglante, a marqué la mémoire collective et reste aujourd’hui commémorée en hommage aux martyrs.

À l’époque, le régime de Bokassa imposait des réformes controversées. Parmi elles, l’obligation pour les élèves de porter des uniformes scolaires fabriqués par une usine appartenant à sa famille. Cette mesure a exacerbé la colère des familles, déjà affectées par une crise économique sévère et le non-paiement des salaires des fonctionnaires. Pour les parents, il était impossible de financer ces uniformes, devenus un symbole de la tyrannie.

Face à cette injustice, les élèves des écoles et lycées de Bangui ont organisé une manifestation pacifique pour demander l’annulation de ce décret. Cependant, ce qui devait être un simple mouvement de contestation s’est transformé en un véritable carnage.

‹‹ Une répression brutale et meurtrière ››

Le régime de Bokassa a réagi avec une extrême violence. Selon plusieurs témoignages, les forces armées ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant des dizaines, voire des centaines d’élèves. Les survivants décrivent des scènes d’horreur, mêlant panique et brutalité. 

Dieudonné Kpamon, un ancien élève présent ce jour-là, raconte : « C’était une journée trempée dans du sang. Les militaires nous ont pourchassés, certains ont été arrêtés, d’autres battus à mort. Moi, j’ai dû me cacher pour échapper à cette violence. »

Le bilan exact des victimes reste incertain. Certaines sources parlent de 100 à 200 morts, d’autres évoquent des chiffres encore plus élevés. Ce massacre a été l’un des éléments déclencheurs de la chute de Bokassa, quelques mois plus tard, en septembre 1979.

‹‹ 2025: une commémoration sous le prisme de l’actualité ››

Depuis lors, le 18 janvier est célébré comme la « Journée de la jeunesse »en Centrafrique, en hommage aux martyrs de 1979.

Cependant, le thème de cette année, intitulé « Jeunesse centrafricaine à l’épreuve des élections groupées de 2025 », a suscité des débats. Si les autorités affirment vouloir sensibiliser les jeunes à des élections pacifiques et inclusives, certains critiques, notamment de l’opposition, estiment que cette orientation dénature l’essence historique de cette journée. 

Pour eux, il s’agit avant tout de se souvenir du sacrifice de ces élèves qui ont bravé l’oppression au prix de leur vie, et non d’instrumentaliser cet événement pour des considérations politiques actuelles.

Le 18 janvier rappelle le courage et l’engagement de la jeunesse centrafricaine face à l’injustice. Aujourd’hui encore, ce souvenir reste un appel à défendre la liberté et la dignité. Il illustre également la responsabilité des dirigeants et des citoyens à préserver la paix et à bâtir une nation où de tels drames ne se répéteront jamais. 

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