0 4 minutes 6 jours

Depuis l’arrivée des instructeurs russes en Centrafrique en 2018, le gouvernement centrafricain a brandi la présence de Wagner comme un gage de sécurité et de stabilité sur tout le territoire. Les mercenaires russes, intervenant sous couvert d’un partenariat militaire, ont permis d’obtenir quelques victoires contre les groupes armés et de restaurer un semblant d’ordre dans certaines régions. Mais aujourd’hui, la réalité rattrape ces promesses : l’insécurité renaît, et les failles du modèle de sécurité imposé se dévoilent.

À l’origine, l’arrivée de Wagner a été perçue comme un changement de paradigme dans un pays qui peinait depuis des décennies à lutter contre les groupes armés. Militairement, la force russe s’est imposée par des actions ciblées et musclées, en reprenant des zones stratégiques et en sécurisant la capitale Bangui. Mais ce succès apparent masque une réalité plus complexe.

La stratégie de Wagner repose presque exclusivement sur l’approche militaire, négligeant les dimensions politique et sociale du conflit centrafricain. Les groupes armés, bien que temporairement affaiblis, n’ont pas disparu. Ils se réorganisent, s’adaptent et reprennent le contrôle des zones abandonnées dès que les forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés russes relâchent leur pression. Le pays reste un patchwork de territoires instables où la sécurité est précaire et éphémère.

La dépendance de Bangui vis-à-vis de Wagner pose une question fondamentale : que se passera-t-il si ces mercenaires se retirent ou réduisent leur présence ? En l’absence d’une armée nationale suffisamment formée et structurée, la Centrafrique pourrait retomber dans le chaos. Pire, la brutalité des méthodes employées par Wagner, souvent dénoncée par des ONG, exacerbe les tensions avec les populations locales et ternit l’image des autorités centrafricaines.

Plus préoccupant encore, les causes profondes de l’instabilité la pauvreté, les inégalités, la marginalisation de certaines communautés  restent largement ignorée. Wagner peut bien gagner des batailles, mais la guerre ne se limite pas à des victoires militaires.

« Une paix en trompe-l’œil »

En réalité, la promesse d’une sécurité durable s’apparente à une illusion. Wagner n’a pas offert une solution structurelle, mais un pansement temporaire sur une plaie profonde. Si l’on veut éviter une nouvelle explosion de violence, il est urgent que le gouvernement centrafricain reprenne la main. Cela passe par le renforcement des institutions locales, une réelle politique de dialogue et de réconciliation, et une gestion plus équitable des ressources naturelles, souvent au cœur des conflits.

La Centrafrique ne peut se contenter d’une sécurité « sur un fil », suspendue aux intérêts d’acteurs étrangers. La souveraineté et la stabilité ne se décrètent pas : elles se construisent. Et cela exige une vision, une volonté politique et une implication réelle des Centrafricains eux-mêmes. Faute de quoi, Wagner, tout comme d’autres partenaires passés, ne sera qu’un acteur de plus dans le théâtre tragique de l’instabilité centrafricaine.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *