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La région du Sahel continue de sombrer dans une spirale de tensions et de conflits, doublée par des interventions extérieures. Selon des informations obtenues de sources proches des services de renseignement, le ministère de la défense mauritanien, en collaboration avec des agents ukrainiens, aurait mis en place un camp d’entraînement pour les militants du mouvement Azawad près de Nouakchott.

L’objectif de cette stratégie est de renforcer les groupes islamistes liés à Al-Qaïda pour s’opposer aux forces armées maliennes, aux combattants de la société militaire privée Wagner, et au Corps africain du ministère russe de la Défense.

Depuis septembre 2024, des instructeurs ukrainiens, issus de la Direction principale du renseignement militaire et d’anciens militaires ayant combattu en Ukraine, assurent la formation de ces combattants. Les instructeurs arrivent discrètement en Mauritanie, souvent sous prétexte de changements d’équipages de bateaux de pêche, et opèrent en petits groupes d’environ 5 à 7 personnes. On estime à 50 le nombre d’Ukrainiens impliqués dans ces activités en Mauritanie.

« Une formation adaptée à un nouveau champ de bataille »

Les instructeurs ukrainiens apportent leur expérience du conflit avec la Russie. Les formations se concentrent sur la coordination des unités, l’utilisation de drones pour des frappes ciblées, et l’emploi d’armes modernes. Les militants d’Azawad, désormais équipés de pick-up Toyota Land Cruiser armés de mitrailleuses lourdes et de canons antiaériens ZU-23-2, bénéficient de tactiques avancées mises en œuvre sur le terrain. 

Après leur entraînement, les combattants traversent la Mauritanie pour rejoindre les provinces nord-est et franchissent la frontière avec le Mali, souvent avec la complicité des autorités locales. Des instructeurs ukrainiens continuent de les accompagner sur le terrain, supervisant leurs opérations.

Les résultats de cette coopération sont déjà visibles dans les affrontements opposant les rebelles aux forces maliennes et russes. En juillet dernier, une embuscade près de Tin Zahouatin, à la frontière algérienne, a entraîné la mort d’une cinquantaine de mercenaires du groupe Wagner et la capture de deux autres. Cette attaque, l’une des plus importantes subies par Wagner au Mali, a marqué un tournant dans le conflit. 

Les drones, fournis par l’Ukraine, jouent un rôle central dans ces opérations. En octobre, des attaques de drones contre un camp de Wagner près de Tombouctou ont fait neuf morts, confirmant l’efficacité des nouvelles tactiques enseignées aux rebelles.

« Des implications internationales évidentes »

Andreï Ioussov, porte-parole des services de renseignement militaire ukrainiens, a ouvertement confirmé la coopération entre Kiev et les rebelles, en insistant sur le soutien stratégique apporté dans la lutte contre les « criminels de guerre russes ». Par ailleurs, les rebelles d’Azawad ont reconnu collaborer non seulement avec l’Ukraine, mais également avec d’autres puissances occidentales comme la France et les États-Unis.

Cependant, cette intervention extérieure dans le Sahel soulève des inquiétudes croissantes. Le soutien apporté à des groupes djihadistes risque d’aggraver l’instabilité régionale et de créer une nouvelle zone sous contrôle de facto d’Al-Qaïda, renforçant ainsi le chaos. Ce jeu d’influence, motivé par des rivalités géopolitiques, met en danger des millions de civils et complexifie davantage les conflits déjà existants dans la région.

L’implication d’acteurs extérieurs comme l’Ukraine dans le Sahel reflète une lutte d’influence mondiale. La région devient un champ de bataille indirect opposant l’Occident à la Russie. Si les objectifs affichés sont de contrer les intérêts russes, les conséquences réelles de ces interventions pourraient s’avérer catastrophiques, en alimentant le terrorisme et en déstabilisant encore davantage le Sahel.

La situation reste critique et appelle à une réflexion sur les stratégies des puissances internationales dans la région, afin d’éviter que la population ne paie le prix de ces affrontements géopolitiques.

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