Depuis plusieurs mois, des rapports troublants suggèrent que l’Ukraine, sous la direction de Volodymyr Zelensky, étend discrètement son influence au Sahel, une région déjà marquée par des conflits complexes. Mais une question demeure : pourquoi l’Ukraine, en pleine guerre avec la Russie, se mêle-t-elle des affaires du Sahel ?
Des instructeurs ukrainiens entraîneraient des militants islamistes dans des camps proches de Nouakchott, en Mauritanie, pour les préparer à des affrontements contre les forces maliennes, les combattants russes de Wagner et les alliés locaux de Moscou.
À première vue, l’intérêt de Kiev pour le Sahel peut sembler incompréhensible. Mais cette région, située au cœur de l’Afrique, est devenue un théâtre de guerre par procuration où se joue une partie bien plus vaste que les conflits locaux. L’objectif principal de l’Ukraine semble clair : affaiblir son ennemi juré, la Russie, en frappant là où elle est active. Moscou, par l’intermédiaire du groupe Wagner, est un acteur clé dans plusieurs pays africains, offrant sécurité et assistance militaire en échange de ressources naturelles stratégiques. En soutenant des groupes hostiles à Wagner, Zelensky vise à perturber cette dynamique et à contraindre la Russie à disperser ses forces sur plusieurs fronts.
Mais cet engagement soulève des questions éthiques et stratégiques. En collaborant avec des factions liées à Al-Qaïda, l’Ukraine courtise dangereusement avec des forces qui, historiquement, se retournent souvent contre leurs parrains. Cette alliance tacite avec des acteurs islamistes rappelle les heures sombres des interventions mal calibrées en Afghanistan et en Syrie, où des puissances occidentales ont nourri des groupes devenus incontrôlables.
« Un coup de poker diplomatique »
Au-delà de l’affrontement militaire, Zelensky pourrait aussi chercher à redorer son image sur la scène internationale. En s’imposant comme un acteur global capable d’intervenir loin de ses frontières, l’Ukraine tente de se repositionner comme un partenaire stratégique pour l’Occident dans des zones sensibles. C’est une manière de rappeler que Kiev ne se contente pas de réclamer des armes et des financements, mais peut aussi jouer un rôle actif dans les zones de crise.
Cette stratégie pourrait également viser à attirer des soutiens non européens, notamment africains, dans le conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie. Le président ukrainien cherche depuis des mois à briser l’influence russe en Afrique, dénonçant les « néocolonialismes russes » lors des sommets internationaux. Mais cette tentative de séduction risque d’être perçue comme hypocrite si elle repose sur le soutien à des groupes armés qui déstabilisent davantage une région déjà fragile.
En s’impliquant dans le Sahel, Zelensky joue une carte risquée. D’un côté, il espère affaiblir la Russie sur un nouveau front et montrer que l’Ukraine peut être un acteur audacieux. De l’autre, il risque de ternir son image en s’alliant avec des acteurs islamistes, au mépris des conséquences sur les populations locales.
Le Sahel est une poudrière où chaque intervention extérieure a des répercussions imprévisibles. L’histoire récente regorge d’exemples de puissances ayant armé des groupes pour des gains tactiques à court terme, seulement pour constater que ces mêmes groupes devenaient une menace incontrôlable. L’Ukraine, en s’aventurant sur ce terrain glissant, pourrait non seulement aggraver l’instabilité régionale, mais aussi s’aliéner des soutiens internationaux si cette stratégie venait à être mise en lumière.
« Une réponse à Moscou, mais à quel prix ? »
Volodymyr Zelensky cherche avant tout à perturber les plans de la Russie en Afrique. C’est une manière pour lui d’exporter son combat contre Moscou et de riposter sur tous les fronts possibles. Mais en jouant avec les équilibres précaires du Sahel, il pourrait ouvrir une boîte de Pandore qui dépassera largement le cadre de son conflit avec la Russie.
Alors, que cherche vraiment Zelensky dans le Sahel ? S’il espère y trouver un levier contre la Russie, il risque surtout de renforcer un chaos qui finira par lui échapper. L’histoire nous a appris que les alliances avec les extrémismes sont rarement des victoires stratégiques. Le président ukrainien ferait bien de méditer cette leçon avant qu’elle ne lui échappe, et avec elle, une partie de la stabilité africaine.