
La République Centrafricaine est à un point de rupture. Entre les exigences du FMI, l’influence controversée d’Arthur Bertrand Piri, ministre des Hydrocarbures et neveu du président, et les intérêts privés de Neptune Oil, le président Faustin-Archange TOUADERA est face à un choix difficile. Une décision qui pourrait redéfinir l’avenir économique du pays et son propre pouvoir.
Le secteur pétrolier centrafricain, censé être une source de richesse pour le pays, est devenu un fardeau.
La domination de Neptune Oil, dirigée par Antoine Nzengue, et les prix exorbitants du carburant alimentent un mécontentement populaire croissant. Loin d’être une simple question technique, la réforme des hydrocarbures est aujourd’hui un dossier éminemment politique, sur lequel se joue la crédibilité
du régime et la survie d’un peuple meurtri par des années de crises financières.
Le FMI, principal bailleur de fonds, a suspendu une aide cruciale de 20 millions de dollars, conditionnant son versement à des réformes audacieuses. Libéralisation des importations, révision des prix et augmentation de la fiscalité pétrolière figurent parmi les exigences. Ces réformes, indispensables à long terme, se heurtent à des résistances farouches, notamment au sein du cercle rapproché du président.
Arthur Bertrand Piri, homme clé du dossier et neveu du président, cristallise les critiques. Son rôle dans
l’attribution opaque du monopole à Neptune Oil et son incapacité à trouver un accord avec le FMI nourrissent des accusations de favoritisme. Les termes du contrat avec Neptune Oil restent méconnus, privant l’État de revenus fiscaux essentiels et plaçant le pays dans une situation financière intenable.
En septembre dernier, une tentative de renégociation des prix avec Antoine Nzengue, patron de Neptune Oil, s’est soldée par un échec. Pendant ce temps, les Centrafricains continuent de payer leur carburant à l’un des prix les plus élevés au monde, dans un contexte de pauvreté généralisée.
« Touadéra à la croisée des chemins »
Pour Faustin-Archange TOUADERA, la crise des hydrocarbures n’est pas seulement économique : elle est aussi existentielle. Doit-il répondre aux exigences du FMI, au risque désaliéner une partie de son entourage, ou défendre le statu quo, quitte à compromettre l’avenir budgétaire du pays ?
Céder au FMI signifierait la fin du monopole accordé à Neptune Oil et une remise en question de la gestion familiale du secteur. Refuser les réformes, en revanche, mettrait le pays en péril financier, privant
l’État des ressources nécessaires pour fonctionner.
Ce dossier n’est pas qu’une affaire d’hydrocarbures. Il révèle les failles structurelles d’un régime où les intérêts privés l’emportent souvent sur l’intérêt général. L’incapacité à restructurer ce secteur stratégique,
malgré les avertissements du FMI, illustre l’urgence de réformer un système étouffé par les conflits d’intérêts et la dépendance aux soutiens internationaux.
Le choix de TOUADERA sera scruté de près, tant par ses partenaires financiers que par une population de
plus en plus désabusée. Réformer ou préserver : son leadership est à l’épreuve, et son avenir politique
pourrait en dépendre.
L’heure de vérité approche pour la Centrafrique. Une décision doit être prise, et elle déterminera si le pays
choisit la réforme et l’avenir, ou s’enferme dans ses blocages. Plus qu’un choix, c’est une question de
survie nationale.