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Joseph Bendounga, figure emblématique de l’opposition centrafricaine et président du Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Évolution du Centrafrique (MDREC), est décédé le dimanche 5 décembre à l’âge de 71 ans, des suites d’une maladie. Opposant acharné depuis les années 1990, il laisse derrière lui un héritage politique marqué par son franc-parler et ses critiques virulentes contre les régimes successifs, notamment celui du président Faustin-Archange TOUADERA. 

Hospitalisé plusieurs fois à l’hôpital de l’Amitié de Bangui, Joseph Bendounga devait être évacué pour des soins à l’étranger. Malheureusement, la lenteur des procédures administratives a rendu cette évacuation impossible, précipitant son décès selon des sources proches de la famille. Conformément à ses dernières volontés, il a été enterré le jour même de sa mort, sans honneurs ni cérémonies officielles. 

Ce départ discret tranche avec la place qu’il occupait dans l’arène politique centrafricaine. Depuis son décès, des voix issues de la société civile et des activistes ont exprimé leur tristesse face à la perte de cet homme considéré comme l’un des derniers symboles d’une opposition authentique en République centrafricaine. 

« Un silence qui interpelle »

Le décès de Joseph Bendounga n’a suscité aucune réaction officielle de la part du gouvernement. Un silence qui soulève des questions, d’autant plus que de son vivant, l’opposant n’hésitait pas à dénoncer les actions du régime en place, aussi bien sur le plan national qu’international. 

Ce silence est interprété par certains observateurs comme un signe de soulagement pour le pouvoir en place : « Bendounga était un véritable caillou dans la chaussure du régime. Sa disparition pourrait permettre au gouvernement de respirer un peu plus librement », estime un analyste politique local. 

Des proches de Bendounga accusent les autorités d’avoir bloqué les procédures d’évacuation, privant ainsi l’opposant de soins qui auraient pu prolonger sa vie. Ces accusations, non confirmées officiellement, viennent alimenter le débat sur la gestion des personnalités critiques au régime. 

Malgré son départ, Joseph Bendounga restera dans les mémoires comme un homme de conviction et un fervent défenseur de ses idéaux. Ses critiques acerbes contre la politique intérieure et étrangère du gouvernement en place faisaient de lui une figure respectée, même par ses adversaires. 

Pour l’opposition centrafricaine, sa mort constitue une lourde perte : « Avec Bendounga, nous perdons une voix courageuse et une figure essentielle de la lutte pour une gouvernance plus juste », a déclaré Nicolas Tiangaye. 

Le vide laissé par Bendounga pourrait affaiblir davantage une opposition déjà fragmentée en RCA. Cependant, sa disparition pourrait également mobiliser les forces politiques opposées au régime autour de ses idéaux et de son héritage, réclamant plus de transparence et de responsabilité de la part des autorités.  En attendant, le silence du gouvernement sur cette disparition reste perçu par beaucoup comme une indifférence, voire une victoire silencieuse face à un adversaire devenu incontournable dans l’histoire politique centrafricaine. 

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