Le pays de ’’Zo Kwe zo’’, se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Faustin Archange TOUADERA a incarné la stabilité, certes fragile, d’un pays ébranlé par des années de guerre civile, de mutineries et de coupe d’état. Son second mandat, renouvelé en 2020 contre vents et marées, a été marqué par des promesses de reconstruction et de réconciliation nationale, jamais tenue. Mais aujourd’hui, un nouveau défi se profile à l’horizon : celui de la quête d’un troisième mandat, contre la volonté de l’opposition qui, elle, est inflexible et d’une partie du Peuple, le même que les organisations de soutien à TOUADERA prennent comme rempart pour justifier cette demande de représentation.
La Constitution de la République Centrafricaine du 30mars 2016, sur lequel il a prêté serment limite le président à deux mandats successifs. Cependant, Touadéra semble résolu à défier cette règle en adoptant une nouvelle constitution le 30 Aout 2024. Ainsi le boulevard est désormais ouvert pour briguer un nouveau mandat, soutenu par une majorité qui considère qu’il est indispensable à la stabilité du pays. Ce n’est pas un simple caprice politique : les partisans du président arguent que la situation sécuritaire et socio-économique exige une continuité du leadership, surtout face à des groupes armés toujours actifs et à la reconstruction d’un État failli.
Mais si la majorité présidentielle revendique cette légitimité, l’opposition n’est pas du même avis. Elle considère que l’exercice du pouvoir par Faustin Archange Touadéra pendant deux mandats déjà représente une rupture avec les principes démocratiques fondamentaux. Cette fronde politique alimente une tension palpable dans le pays, où les divisions sont de plus en plus marquées.
Les opposants à un troisième mandat soulignent que cette extension de pouvoir pourrait exacerber la polarisation sociale et empêcher une véritable alternance démocratique. Ces voix qui se lèvent dans la rue et dans les institutions rappellent la nécessaire régénération politique pour la RCA. Selon eux, les ambitions de Touadéra risquent de mettre à mal les fragile acquis de la démocratie, menaçant d’aggraver un climat déjà tendu.
Derrière cette querelle politique, c’est un avenir incertain qui se dessine pour la République Centrafricaine. La crise sécuritaire n’est toujours pas résolue, et les efforts pour relancer l’économie sont freinés par des décennies de guerre et de conflits. L’équilibre fragile du pays pourrait-il survivre à un nouveau mandat, ou au contraire, faut-il un changement de cap, avec de nouvelles figures politiques capables de fédérer et de remettre le pays sur les rails ?
L’avenir politique de la RCA ne se joue pas seulement à travers les clivages entre pouvoir et opposition. Il se trouve aussi dans la capacité de l’ensemble des acteurs politiques à travailler ensemble pour garantir la paix, la justice et le développement. Si la continuité peut se justifier dans un pays dévasté par la guerre, elle doit s’accompagner d’une gouvernance inclusive, respectueuse des principes démocratiques et d’une véritable volonté de transition.
Les mois à venir s’annoncent déterminants pour le destin politique de la RCA. Faustin Archange Touadéra pourra-t-il réellement imposer son troisième mandat, ou sera-t-il contraint de revenir à une solution plus consensuelle ? Le pays, déjà éprouvé, attend des réponses qui, espérons-le, dessineront un avenir plus serein, loin des querelles de pouvoir. Mais pour cela, il faudra plus que des compromis politiques. Il faudra une vision collective du futur, axée sur l’unité et la paix.
L’enjeu est désormais entre les mains des Centrafricains eux-mêmes : sauront-ils dépasser les rancœurs pour construire une RCA plus forte, ou l’histoire se répétera t-elle, avec de nouvelles fractures et un avenir incertain ?