La capitale centrafricaine, fait face à une situation inquiétante liée à l’abattage clandestin des bœufs et au transport non conforme des carcasses. Ces pratiques, qui résultent d’un dysfonctionnement au niveau de la Société d’État de Gestion des Abattoirs (SEGA), soulèvent des préoccupations majeures pour la santé publique et mettent en lumière l’absence d’une véritable politique de gestion des infrastructures animales.
Le seul abattoir de Bangui, censé garantir des conditions sanitaires adéquates pour l’abattage des bêtes, peine à fonctionner normalement. Rodrigues, un boucher du quartier Combattant, explique la réalité à laquelle ils font face : « Nous n’avons pas d’installations fiables ni d’équipements pour travailler dans les règles. Cela nous oblige à abattre nos bœufs de façon clandestine, souvent dans des endroits inadéquats, et nous savons que cela peut poser problème, mais nous n’avons pas le choix. »
Pour un autre boucher, le manque d’encadrement est flagrant malgré les taxes qu’ils s’acquittent régulièrement : « Nous payons des quittances au niveau de la mairie et de la SEGA, mais personne ne vient vérifier si nous avons les outils nécessaires ou si nos conditions de travail respectent les normes. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes. »
Du côté des autorités, le discours est mitigé. Une source au sein du ministère de l’Élevage et de la Santé animale, qui a requis l’anonymat, admet la complexité du problème : « Des politiques existent, mais elles ne sont pas appliquées correctement. Certains bouchers ne veulent pas se plier aux règles, et d’un autre côté, les infrastructures nécessaires ne sont pas disponibles. »
Les responsabilités semblent diluées entre les différents acteurs, chacun se rejetant la faute : « Les responsables de la SEGA disent manquer de moyens, tandis que les autorités locales parlent d’un problème d’organisation. Ce sont les consommateurs qui en paient les frais, » poursuit cette source.
« Des carcasses transportées sans respect des normes sanitaires »
Le spectacle de carcasses de bœufs transportées sur des motos ou dans des conditions précaires dans les rues de Bangui est devenu courant. Amos, un transporteur de carcasses, voit dans cette situation une opportunité lucrative : « Je peux faire jusqu’à 45 000 francs CFA par jour en transportant des carcasses pour les bouchers. Personne ne nous demande si nous respectons les normes ou non. Tant que les clients paient, c’est tout ce qui compte. »
Ce type de transport pose néanmoins un grave problème sanitaire. Exposées à la poussière, à la chaleur et à des conditions de manipulation douteuses, ces carcasses deviennent un vecteur potentiel de maladies pour les consommateurs.
Patrick, un habitant de Bangui, exprime son inquiétude : « Nous achetons cette viande sans savoir dans quelles conditions elle a été abattue ou transportée. Cela représente un danger pour notre santé. Les autorités doivent prendre leurs responsabilités. »
Plusieurs consommateurs appellent à des actions concrètes pour réguler cette situation, notamment en renforçant les contrôles sanitaires sur les marchés et en sanctionnant les pratiques non conformes : « La viande, c’est ce que nous consommons au quotidien. Si elle est contaminée, cela peut causer des maladies graves, voire des épidémies, » souligne une mère de famille au marché central.
‹‹ Une situation qui appelle à des solutions urgentes ››
Face à ce désordre, des voix s’élèvent pour réclamer des solutions immédiates. Les bouchers demandent une réhabilitation de l’abattoir SEGA et un meilleur encadrement des activités : « Nous ne voulons pas enfreindre les règles, mais nous avons besoin d’infrastructures adaptées pour travailler correctement, » plaide Rodrigues.
De leur côté, les consommateurs espèrent une mobilisation des autorités pour assurer la sécurité alimentaire, insiste Patrick : « Il faut une véritable réforme du secteur, car il en va de notre santé et de celle de nos enfants, »
Alors que les responsables de l’élevage et de la santé animale continuent de se renvoyer la balle, la population banguissoise reste exposée aux risques sanitaires que posent ces pratiques. Une prise de conscience collective et une intervention rapide des autorités s’imposent pour mettre fin à ce problème qui menace la santé publique.
Alors que les travaux de réhabilitation de la SEGA ont été lancés depuis plusieurs années, l’entreprise en charge des travaux ne communique pas sur l’avancée des travaux et l’on s’interroge où en sommes-nous avec les travaux.