Une position des Forces armées centrafricaines (FACA) a été attaquée ce dimanche dans le village d’Abba, une localité située à 150 kilomètres de Bouar, dans la préfecture de la Nana-Mambéré. Cet incident met en lumière les défis sécuritaires persistants dans cette région, marquée par des tensions entre forces armées et groupes rebelles.
« Les faits : une attaque bien planifiée »
Dans une vidéo de 4 minutes, filmée par l’un des assaillants et récupérée par un élément des FACA présents sur place, dont la rédaction d’Afrique en Plus a obtenu une copie et vérifié l’authenticité, on peut voir deux rebelles en tenue militaire, AK-47 en main, scandant des cris et des chants : « Nous voulons nous battre contre les Russes car les FACA sont faibles, nous irons jusqu’au bout de notre lutte. »
Selon les informations recueillies auprès de sources locales, cela faisait déjà plusieurs jours que ces rebelles menaçaient de s’en prendre aux militaires présents dans la localité. Ils accusaient les FACA d’avoir, quelques semaines auparavant, révélé leurs positions aux forces alliées russes, compromettant ainsi une attaque planifiée contre une mine d’or dans la zone.
En représailles, les rebelles avaient déclaré qu’ils s’en prendraient aux FACA du village. Une source locale, jointe par téléphone, a confirmé cette information : « Les rebelles circulent sur les axes menant aux localités environnantes d’Abah. Cette situation était prévisible, mais nos éléments des FACA n’ont pas pris ces menaces au sérieux. »
Outre cette négligence, les FACA présentes sur place sont en sous-effectif et manquent cruellement de matériel, ce qui rend difficile toute réponse efficace : « Notre village subit des attaques répétées. L’effectif des FACA présents n’est pas à la hauteur des menaces, ce qui permet aux rebelles de faire ce qu’ils veulent ici », déplore la même source locale.
« Une situation sécuritaire alarmante dans la Nana-Mambéré »
L’attaque d’Abba s’inscrit dans un contexte plus large de recrudescence de l’insécurité dans l’Est de la République centrafricaine, en particulier dans la préfecture de la Nana-Mambéré. Le sous-effectif des FACA, combiné à un manque de matériel adéquat, limite considérablement leur capacité à sécuriser des zones stratégiques comme la Nana-Mambéré. Les attaques répétées contre leurs positions illustrent cette faiblesse structurelle, qui expose les populations locales à des représailles fréquentes.
La région est convoitée pour ses ressources, notamment l’or, qui attise les convoitises des groupes armés. Ces derniers utilisent le contrôle des mines comme levier économique et stratégique. L’attaque d’Abba montre clairement que ces ressources sont au cœur des tensions, les rebelles cherchant à écarter toute opposition pour renforcer leur emprise. Les rebelles ne s’attaquent pas uniquement aux FACA, mais ciblent également leurs alliés russes. Cette hostilité démontre une escalade dans la stratégie des groupes armés, qui cherchent à s’opposer directement à l’influence étrangère, perçue comme un obstacle à leurs ambitions.
Les civils se retrouvent dans une situation précaire, pris entre les forces armées et les groupes rebelles. En l’absence de protection suffisante, ils subissent les conséquences des affrontements, notamment les déplacements forcés, la perte de leurs moyens de subsistance et un climat constant de peur.
« Quelles solutions face à cette crise ? »
Pour stabiliser la région et empêcher une détérioration de la situation, plusieurs actions doivent être envisagées. Les autorités doivent déployer davantage de troupes dans la région, les équiper correctement et améliorer leur coordination avec les forces alliées. Une solution militaire seule ne suffira pas. Le gouvernement centrafricain doit engager des discussions avec les groupes armés pour identifier leurs revendications et trouver des solutions durables.
S’il faut le rappeler le bilan de cette attaque a fait deux soldats des FACA grièvement blessés, un autre enlevé puis désarmer non loin du village avant d’être relâché. Pour l’heure le gouvernement ne s’est pas encore prononcer sur cette situation.